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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/338

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aspiration en écrivant cet ouvrage, indice d’une nouvelle voie à suivre. »

Restait à trouver une explication universelle des choses, fondée sur les mathématiques. M. de Seoane la découvrit dans la quintuplicité, conception qui appartient bien à l’arithmétique, base des mathématiques, et dont les points cardinaux sont le plus, le moins, l’égal, l’un, le zéro. Dans un ouvrage publié en 1848, l’auteur avait déjà déduit de la configuration de notre globe cinq lois universelles de l’histoire, qu’il nomma « territoriale », « morale », « aquatique ou maritime », « vulcanique » et « du désert ». Même découverte pentanomique en économie politique, dans les législations comparées, etc. « Arrivé sur ces hauteurs, » il se demanda ceci : Pourquoi cette quintuplicité des lois ? Pourquoi cette pentanomie ? La raison de ce fait se trouvait dans la quintuplicité des sens, dans « les lois du moins dont ils sont une manifestation ». Chacun de nous n’est-il pas un pentagone sensitif ? Tels furent les « préliminaires » de la philosophie nouvelle. L’auteur croyait désormais posséder la clef d’un système d’explication universelle. Il lut dans le vieux livre scellé de sept sceaux et nous le traduisit, si bien que c’est à peine si, pour l’entendre, le lecteur a besoin d’autant de minutes qu’il a coûté d’heures à M. le marquis de Seoane (I, 7). Il y a cinq lois primordiales ; donc il a cinq sciences non moins primordiales : une science universelle, « intégrale », science de la certitude, et quatre sciences « fractionnées », c’est à savoir, naturelles, mentales, sociales et esthétiques. Le premier volume est consacré à l’exposition de la philosophie « intégrale », le second à l’histoire et aux divisions de la philosophie « fractionnée ».

Nous ne pouvons que renvoyer le lecteur de cette note à l’étude directe du Pentapantanomisme, car l’obscurité des textes est si profonde que nos faibles lumières ne la sauraient percer. Un seul exemple prouvera notre dire. L’auteur, s’appuyant sur des analogies qu’il croit légitimes, s’exprime ainsi, au sujet des progrès possibles des sciences : « Le phosphore, avec ses allumettes, n’a-t-il pas simplifié la procédure des sauvages pour tirer le feu en frottant l’un contre l’autre deux morceaux de bois ? Est-ce qu’on pourrait ne croire à un semblable frottement externe pour allumer le phosphore de notre périphérie, et à la conduction de cette ignition au cerveau, où elle produirait à la fois l’évaporation et le vide, et avec la flamme les ombres de nos représentations ? (I, 91). À la vérité, l’auteur ne paraît avoir aucune teinture des sciences physiques et biologiques, comme en témoigne entre autres le passage suivant : « Il y a, dit-on, pour chacun des sens, une paire de nerfs qui transmet la sensation de la périphérie de notre corps au cerveau considéré comme autre ou comme l’autre côté. Notre explication du fonctionnement de cette paire, c’est que pour la transmission il faut un point d’appui pour conduire la transmission. L’un des nerfs sert d’appui, afin que l’autre puisse servir de conducteur, etc. » L’anthropologie de l’auteur est encore moins en harmonie avec le peu que nous croyons savoir. L’homme ne diffère pas seulement des animaux par sa connaissance de la pentanomie pantanomique : le caractère distintif de l’humanité