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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/344

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que l’État laisse s’exercer entre les particuliers (duel, opinion publique), ce sont des restes du système primitif de la défense personnelle ; ainsi des grâces et du droit d’asile.

L’organisation de l’État et de la justice nécessite les impôts, les sacrifices exigés également de tous les citoyens. — Il est difficile d’introduire dans l’organisme social, dans ce balancement de dépenses et de réparations de forces, la proportionnalité qui règne dans l’organisme physique. — Mais de la difficulté il ne faudrait pas arguer l’impossibilité ; il ne faut pas que l’État laisse à la libre concurrence le soin de décider d’une lutte où les hommes arrivent avec des conditions différentes d’éducation, de mœurs, d’esprit ; le « laissez faire, laissez aller » de l’école de Manchester est un optimisme paresseux ; l’État doit restreindre la part du hasard, supprimer les privilèges injustes et les monopoles, aplanir les difficultés qui font obstacle à certains des concurrents.

Culpabilité. — Les degrés naissent et grandissent en nombre, les arrêts se modifient à mesure que grandit la civilisation et que le point de vue s’élève, — Les distinctions ébauchées par Platon et Aristote, perfectionnées par le droit romain, ont, dit l’auteur, trouvé leur achèvement dans le code pénal allemand. L’homme est responsable de sa volonté et de l’usage qu’il en fait ; lorsqu’il viole la loi, lorsqu’avec pleine conscience et libre décision il commet un acte coupable, il trahit par là même une volonté vicieuse et dénonce la possibilité d’une persévérance dans cette voie ; la peine tend à anéantir ces intentions funestes, en même temps qu’elle contient l’expiation exigible du coupable. — La peine peut être aggravée par les circonstances : préméditation, choix d’un instrument approprié au crime, ce qui indique une intention développée et réfléchie ; récidive, qui dénote une perversion profonde de la volonté. — Elle peut être atténuée par l’absence de claire conscience et de liberté d’arbitre au moment du crime (ébriété, colère…), ou par le repentir, qui retire l’acte en une certaine mesure, etc. Enfin la tentative, jugée moins grave que l’acte accompli, est aussi coupable que la faute au point de vue moral, puisqu’il ne lui a manqué pour se réaliser que les moyens et l’occasion.

F. Tönnies : Remarques sur la philosophie de Hobbes (fin). — Politique : Égaux de nature, les hommes cherchent la paix et la prospérité dans l’unité de l’État (soit communauté, soit despotisme). La volonté ne pouvant être libre, la raison doit uniquement faire persévérer la volonté dans ses intentions, et c’est là le droit, la justice ; l’injustice n’est que l’inconséquence de la raison, l’absurdité, — La volonté souveraine doit donc imposer la rationnalité ; elle doit réaliser la prospérité de tous, soit par la force, soit pacifiquement ; sa puissance est absolue, et elle limite par la crainte les volontés particulières, — En résumé, Hobbes est un précurseur de la critique ; sa conception mécanique du monde prépare notre psychologie physiologique.

E. Kraepelin : Sur les perceptions erronées. — L’étude des « perceptions erronées » est importante pour la critique de la connaissance.