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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/347

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revue des périodiques

arts, à leur progrès du simple au complexe en même temps que d’une unité plus lâche à une unité plus serrée et plus compliquée (temple grec, cathédrale chrétienne). Il s’applique également à l’évolution du goût dans l’individu, allant sans cesse du plus facile au plus difficile.


Philosophische Monatshefte.
Livraisons 7, 8, 9 et 10 (année 1881).

Borelius. Sur le principe de contradiction et le sens de la négation. — Travail étendu et intéressant, où l’auteur expose et critique les diverses théories que l’histoire de la philosophie nous présente sur cette importante question, en même temps qu’il s’attache à en faire ressortir le lien et la valeur progressive. Le profond Héraclite fut frappé, le premier, du rôle que la contradiction joue dans le monde ; le premier il vit dans la contradiction le principe de l’unité vivante, de l’harmonie du tout. Il est vrai que cet ordre de choses lui-même n’était, à ses yeux, que l’œuvre passagère de l’éternelle contradiction et finissait bien par se confondre avec son contraire. Les disciples exagérèrent la pensée du maitre et s’attirèrent les justes reproches que Platon leur adresse dans le Théétète. Tandis qu’ils aboutissaient à la ruine de la pensée et de la science en exagérant le rôle de la contradiction, l’école de Parménide conduisait au même résultat par une exagération contraire, en soutenant que la contradiction et la négation ne doivent pas plus se rencontrer dans les choses que dans nos idées. Ils condamnaient la pensée à se repaitre éternellement de la stérile tautologie : l’être est. Les sophistes rendirent plus sensibles encore les vices des deux doctrines opposées et provoquèrent ainsi les doctrines nouvelles de Platon et d’Aristote sur le véritable sens de la négation et de la contradiction au sein de l’être et de la pensée. Platon montre que l’être et le non-être, l’affirmation et la négation sont inséparables ; qu’elles se retrouvent dans le monde des idées comme dans la réalité sensible ; que l’être n’est que relativement incompatible avec le non-être, l’affirmation avec la négation. C’est ce qu’Aristote résuma dans sa célèbre formule du principe de contradictions. « Il est impossible que le même convienne à la fois et ne convienne pas au même en même temps et sous le même point de vue. » Les Néoplatoniciens ne crurent pouvoir soustraire l’absolu à la contradiction qu’en le plaçant au-dessus de l’être. Toutes les théories des métaphysiciens du moyen âge sur l’ens reatissimum ne sont qu’un effort infructueux pour écarter de l’être divin la négation, la contradiction, sans le laisser dans l’indétermination absolue que réclamaient pour lui les Néoplatoniciens au nom de la perfection. Les théories des panthéistes, de Nicolas de Cuse, de Jacob Bœhme, de Spinoza, croient mieux écarter la difficulté en faisant de l’absolu le commun principe de l’être et du non-être, la substance commune d’où sort et où se perd toute contradiction, et, comme dit Nicolas de Cuse, « principium coïnci-