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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/349

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revue des périodiques

l’opposition que Kant soutient, pourvu qu’il s’agisse du bonheur des autres êtres, et non du nôtre propre. Et le bonheur ainsi entendu est une fin obligatoire pour la volonté ; la loi morale nous commande de travailler à cette fin : tout le devoir est là. Mais, objectera-t-on, quels seront, dans ce cas, les devoirs d’un homme isolé de ses semblables ?

Karz Uphues. L’essence de la pensée, d’après Platon (Landsberg, 1881). — L’auteur veut faire sortir de l’analyse du langage la détermination exacte de l’essence de la pensée. Il croit pouvoir justifier ainsi un idéalisme subjectif, qui ne reconnaît aux choses d’autre réalité que celles qu’elles ont dans notre esprit. Il n’existe pour notre conscience que des sensations, des concepts ; les choses ne sont que des représentations objectives. Mais le moi pensant n’est-il, lui aussi, qu’une collection de sensations, qu’un pur concept ? N’atteignons-nous pas en lui une réalité indépendante de la succession de nos impressions, de nos représentations.

Ed. v. Hartmann : La crise du christianisme dans la théologie moderne (Berlin, C. Duncker, 1880). — Comme dans le célèbre opuscule de 1874, dont on a rendu compte dans cette Revue : La décomposition du christianisme et la religion de l’avenir, Ed. de Hartmann s’attache à démontrer l’impuissance de la théologie protestante à mettre le christianisme en harmonie avec les exigences de la conscience et de la science moderne. Les emprunts d’Otto Pfleiderer, d’A. Lipsius, de Biedermann, soit au néo-kantisme, soit à la nouvelle école hégélienne, n’ont pas réussi à faire du christianisme transformé la religion de avenir, que réclame impatiemment le génie du temps. Hartmann propose avec confiance aux âmes religieuses son panthéisme pessimiste ; et il en analyse complaisamment toutes les vertus.

Thomas Masaryk. Le suicide comme l’une des plus importantes manifestations de l’état de la société dans la civilisation moderne (Wien, Konegen). — La fréquence croissante du suicide est un des plus remarquables phénomènes de notre état social. On estime en Europe à plus de 20,000 par an les victimes de cette étrange maladie. L’auteur étudie les effets, recherche les causes et propose les remèdes de cette sorte d’épidémie morale. Il croit que le mal a surtout sa cause dans l’affaiblissement progressif des croyances religieuses, dans l’anarchie intellectuelle et morale des esprits. Le siècle a soif d’une religion nouvelle, qui satisfasse à la fois aux besoins de l’entendement et à ceux du cœur.

Otto Apelt. Recherches sur le Parménide de Platon (Weimar, 1879.) — Apelt entreprend de démontrer l’authenticité du Parménide. L’analyse attentive de la seconde partie du dialogue lui prouve sans doute que les subtilités étranges qu’elle contient ne peuvent être considérées que comme un jeu d’esprit de l’auteur. Mais il entrait, selon lui, dans le dessein de Platon de se moquer par ce moyen des Éléates et des Mégariques, et de les réduire au silence en se montrant plus rompu qu’eux-mêmes aux arguties de la sophistique. Mais est-il bien naturel