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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/448

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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Francisque Bouillier. La vraie conscience. Un volume in-12. : Hachette, 1882.

M. Francisque Bouillier a toujours étudié avec une prédilection marquée les problèmes dont traite son nouvel et important ouvrage. Il faisait paraître en 1872 La conscience en psychologie et en morale, et en 1875 Morale et progrès. C’est d’ailleurs un des traits de ce savant et consciencieux philosophe de tendre sans cesse à la plus haute perfection des ouvrages qu’il donne au public : comparez les éditions de l’Histoire de la philosophie cartésienne et du Principe vital et de l’âme pensante, et vous constaterez à chaque page des signes certains de ce besoin du mieux, de cette haute probité littéraire et philosophique, qui sont les marques infaillibles d’un profond respect de la science et des lecteurs. On peut donc être sûr d’avance que M. Bouillier, en reprenant aujourd’hui une série de recherches, pour lesquelles nul n’est mieux préparé, puisqu’elles l’ont attiré et absorbé toute sa vie, saura renouveler son sujet et le traiter avec la sûreté d’érudition et la richesse d’informations qui lui sont habituelles. Un autre attrait des livres de M. Bouillier, c’est la parfaite clarté du style, la sûreté de la méthode, qualités de plus en plus rares parmi nous et qu’il serait si précieux de conserver, ou plutôt de retrouver et de reconquérir. M. Bouillier a horreur des à peu près, des formules mystérieuses et prétentieuses, qui déguisent et dissimulent le vide de la pensée : il est l’homme des saines traditions, toujours fidèle, pour le fond et pour la forme, à la grande école française dont il est l’illustre historien. Et ne croyez pas que M. Bouillier répugne aux idées nouvelles et se montre systématiquement hostile aux théories les plus hardies, les plus aventureuses de la philosophie contemporaine. Non : il les condamne souvent, il craindrait par-dessus tout d’être soupçonné de complaisance pour certaines hardiesses dangereuses, à son avis, pour l’avenir de la philosophie. Mais ces hardiesses même, il serait bien fâché de les interdire aux autres : on sent que c’est avec sympathie qu’il étudie les doctrines qu’il repousse avec une énergie extrême. Alors même qu’il se fâche et proteste, non sans vivacité, au nom du bon sens et de la science, il sait prendre son bien où il le trouve et enrichir la psychologie traditionnelle de toutes les découvertes dont