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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/477

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revue des périodiques

s’est admirablement déployée sur un domaine jusqu’ici inexploré. Une utile division du travail a rendu plus faciles les travaux qu’ils poursuivent avec une noble émulation. Les musées de Rome, Florence, Paris, Berlin, Copenhague, Londres, Moscou, Washington, Cambridge, sont déjà très riches en documents préhistoriques, ethnologiques et anthropologiques. La solidarité et le concours des forces viennent en aide à l’initiative individuelle, grâce aux sociétés anthropologiques, dont la première a été fondée par l’illustre Broca en 1859. Ces sociétés tiennent des séances où chaque membre apporte son tribut d’observations, où les opinions sont discutées, où se modifient les prétentions individuelles, où l’on reçoit les communications d’autres sociétés, où l’on fait échange de produits, où s’imprime une vive impulsion pour de nouvelles recherches et de nouveaux travaux. Dans cette grande solidarité, les connances s’accroissent, les erreurs s’éliminent, le brillant arsenal de la science se remplit. Ces sociétés ont des revues, dont nous citerons les principales : Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris ; Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme (Toulouse) ; la Revue d’anthropologie de Broca ; l’Archiv für Anthropologie de Brunswick ; le Mittheilungen der anthropologischen Gesellschaft de Vienne ; l’Archivio per l’antropologia et l’etnologia de Florence ; la Revue d’ethnologie d’Hamy ; la Zeitschrift für Ethnologie de Berlin ; le Journal of the anthropological Institute, l’Anthropological Rewiew, de Londres ; la Revista de anthropologia de Madrid ; les Actes de la Société des sciences naturelles et anthropologiques de Moscou : les Proceedings of the Smithsonian Institute de Boston. Toutes ces publications marquent la vitalité de la science anthropologique par la richesse des mémoires, des discussions, des comptes rendus, des notes. N’oublions pas les congrès nationaux et internationaux d’anthropologie. Ce n’est pas tout. L’activité des explorateurs ne connaît pas de bornes ; elle ne s’arrête devant aucun sacrifice ni devant aucun obstacle. Les voyages individuels et les grandes expéditions scientifiques ouvrent, dans l’Inde, l’Amérique centrale et l’Amérique du Nord, dans l’Océanie, dans les contrées les plus inhospitalières, de sûres tranchées pour les conquêtes de la science anthropologique.

Passons à quelques parties spéciales de l’anthropologie. Depuis Blumenbach la crâniologie, comme depuis Quételet l’anthropométrie, ont reçu un développement considérable. Mais la crâniologie, malgré ses adeptes aussi nombreux que célèbres et éminents, n’a pas encore donné de résultats définitifs. On n’a pas trouvé toutes les lignes différentielles et caractéristiques qui peuvent faire distinguer sûrement un crâne d’un autre, toutes les lignes différentielles qui, réunies ensemble, donnent les caractères constants d’un type. Par exemple, rien de plus incertain que l’indice céphalique. Retzius avait établi une classification reconnue comme très importante, celle des races humaines en dolicocéphales et brachycéphales. Broca avait fait adopter la quintuple division en brachycéphales, dolicocéphales, mésaticéphales, subbrachycéphales et