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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/480

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variation ; la connaissance de la corrélation des parties est une conquête de la théorie de l’évolution ; elle rend compte de l’existence des organes rudimentaires ; elle explique les anomalies. En physiologie comparée, elle a établi les lois qui gouvernent l’hérédité des caractères, montré que les organes peuvent changer leurs fonctions par un effet de la sélection naturelle ; elle a cherché à expliquer par la pangenèse tous les faits qui se rapportent à la reproduction des organismes et à la régénération de leurs parties, à démontrer que les unions consanguines ont des effets funestes ; la théorie darwinienne explique les phénomènes du développement des animaux ; elle a jeté beaucoup de lumière sur plusieurs phénomènes de physiologie du système nerveux. En botanique systématique, la théorie donne une explication des plantes rampantes ; elle a montré que les plantes insectivores constituent un des phénomènes les plus intéressants de la biologie ; que la pélorie est un simple phénomène d’atavisme ; que l’auto-fécondation dans les végétaux est funeste ; que les plantes sont douées de mouvement et de sensibilité. Article très plein, et cependant pas tout à fait complet, critique, mais pas autant qu’il pouvait l’être.

Jehan de Johannis : Sur l’universalité et la prééminence des phénomènes économiques. — La politique et le droit, entre autres sciences, ayant, par une longue et funeste déviation des lois naturelles, acquis et conservé une vie indépendante du fait économique, et réduit celui-ci à être leur subordonné, il s’en est suivi nécessairement une antinomie, parce que la politique et le droit sont privés de ce caractère particulier, qui prédomine sur le fait économique ( ?  ?). Il faudra donc, et l’évolution des faits sociaux est déjà sur cette voie, donner aux phénomènes économiques leur position de prévalence sur les autres ordres de faits, soit pour éviter des occasions de lutte stérile, soit pour faciliter à l’individu et à la société le développement de la prospérité économique. La chimie, la physique, les sciences naturelles ont détruit une foule de préjugés dont les ruines ont atteint par contre-coup les religions, la politique, la morale, le droit. L’économie politique paraissait devoir donner le dernier coup à l’édifice croulant des siècles passés, aux illusions des fins absolues, des rêves éthérés, des missions providentielles, pour donner comme but à l’humanité l’utile, l’utile rationnel, mais seulement l’utile. Les adeptes de cette science nouvelle reculèrent devant le reproche qui leur était fait de fonder la science de l’égoïsme, ignorant ou ne voulant pas affirmer qu’il ne peut y avoir d’autre altruisme que celui qui est engendré par l’’égoïsme. Aussi l’économie était-elle devenue le refuge des vieilles méthodes aprioristiques, des méthodes des sciences qui doivent disparaître. Il faut rendre à cette science ses vrais principes, sa méthode rigoureuse, son but social, qui est le groupement de la société humaine en une seule société économique. Le droit, la politique et la morale doivent être subordonnés au fait économique, et réduits à n’être plus que les moyens par lesquels l’humanité remplira plus facilement la tâche fatale de se nourrir.

L. Paolucci : Études de psychologie comparée : le langage des