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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/494

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théorie générale de l’art et des différents arts. Le livre se termine par un court aperçu sur le but et la fin de la vie esthétique.

Il nous est impossible de faire connaître, dans ses détails, le contenu de cet ouvrage, dont le mérite principal est la richesse des analyses. Le beau dans la nature à lui seul mesure plus de la moitié de son étendue. Nous devons nous attacher à ce qui est spécialement relatif à la vie esthétique.

L’objet de l’esthétique, nous dit l’auteur, c’est le domaine entier de la vie esthétique. Comment la comprend-il ? Lui-même en marque d’abord le caractère ou l’essence, l’étendue et les limites. La vie esthétique est la vie de l’imagination. Son monde c’est le monde de l’imagination. La vie humaine, en général, a plusieurs domaines ; les plus importants sont : 1o la vie théorique ou intellectuelle, 2o° la vie pratique ou morale, 3o la vie esthétique. Celle-ci doit être envisagée au point de vue général et au point de vue spécial. L’esthétique épuise la totalité de ce qui a pour l’homme un intérêt esthétique.

Mais en quoi la vie esthétique diffère-t-elle de la vie intellectuelle et de la vie pratique ? Sur ce point, M. Köstlin ne nous paraît pas assez explicite ni assez précis ; surtout il ne nous semble rien ajouter à ce qui avait été dit par ses prédécesseurs et par Schiller en particulier.

La vie esthétique c’est, dit M. Köstlin la vie de l’imagination. Qu’est-ce que l’imagination ? Ce n’est, ajoute-t-il, ni le sentiment seul ni l’imagination seule au sens vulgaire, qui la constitue. Quoi donc ? C’est de représenter l’ensemble de la vie (Ganzeleben). Elle offre tout ce que nous offre la vie réelle ; du moins le réel y est contenu ; mais elle va au delà et la dépasse. L’homme tout entier (der Ganzemensch) est son objet, et la vie toute entière de l’homme connaissant, sentant, agissant. Bref, c’est le libre jeu des facultés humaines qui est son objet spécial (Freiespiel, Freiethätigkeit). Elle est ainsi son propre but à elle-même. Nous ne voyons là rien qui n’ait été dit par Kant, Schiller, etc.

En quoi diffère-t-elle de la vie réelle ? La vie réelle est limitée ; partout on y rencontre des obstacles, la gêne et la contrainte. Ici, dans la vie esthétique, plus d’obstacles plus de contrainte et de limites ; l’essor libre de nos facultés nous est donné, et cela sous toutes les formes du connaître, du sentir et du vouloir. Là, est l’empire de la liberté.

Une seconde différence, et ceci est, spécial à notre auteur, c’est que la vie esthétique à pour objet seulement ce qui est intéressant. Dans la vie réelle, il y a une multitude d’objets, de détails et d’accidents par eux-mêmes insignifiants, de nul intérêt, mais dont nous sommes forcés de nous occuper ; ils absorbent une grande partie de