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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/500

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apparaître et dominer l’idée. Le but qu’avant tout l’auteur se propose, c’est de justifier sa propre doctrine, anthropologique et psychologique, de la vie esthétique, dans laquelle, les deux éléments s’adressent à la fois à l’homme tout entier, sensible et spirituel.

Nous sommes ainsi ramenés à notre sujet : la vie esthétique, dont l’auteur étudie le développement dans l’individu (p. 331). Ce sujet, tout psychologique, donne lieu à une foule d’observations d’un véritable intérêt : 1o sur l’universalité du besoin esthétique, 2o sur la capacité esthétique inégalement repartie chez les individus, 3o sur son origine, et le développement du sens esthétique, l’intérêt pour le beau, son apparition dans la vie intellectuelle chez l’homme, ses progrès, ses déviations et ses imperfections, les causes qui le font varier.

Toute cette partie empirique, que d’autres ont traitée, est reprise avec distinction et conserve sa valeur ; nous regrettons de ne pouvoir nous y arrêter. Les diverses directions que peut prendre le penchant esthétique, la diversité des dispositions selon les esprits, les uns s’attachant à la forme, les autres au contenu ou à l’idée, les modifications selon la nationalité, la race, etc., tout cela est fort bien décrit et expliqué. Ce que Kant appelle l’antinomie du goût est également fort bien résolu. Peut-être néanmoins l’auteur fait-il une part trop forte à la diversité des goûts, ce qui, sans qu’il s’en aperçoive, infirmerait sa thèse des règles invariables et universelles de la beauté formelle.

Nous avons déjà dit ce que nous pensons de toute la partie de ce livre où sont décrites les formes concrètes du beau réel, soit physique, soit moral, en particulier celles du beau dans la nature considérées dans leur ensemble et leur succession à travers tous les règnes du monde inorganique, organique et humain. Nous voudrions que l’espace nous permit d’en citer quelques morceaux. Nous signalons en particulier ce qui concerne l’homme, son essence et son existence, sa position dans l’univers, sa nature particulière physique et morale, la structure du corps humain, le nombre et les rapports de ses proportions, ses dimensions, son aspect extérieur, la signification de ses membres et de toutes ses parties envisagées esthétiquement, l’idéalité de la forme humaine, etc. Toute cette symbolique de la forme humaine est parfaitement décrite. Tout n’est pas neuf ; ce vaste sujet sans doute avait déjà été étudié par divers auteurs (V. de Humbolt, Zeising, Vischer, etc.) Mais ce que l’auteur ajoute n’est pas moins d’un haut intérêt, et il est bon d’avoir rassemblé tous ces résultats, de les avoir classés, réunis, groupés, expliqués. C’est un véritable trésor, où chacun peut puiser.

Du monde réel auteur passe à l’étude du monde idéal ou de l’imagination créatrice. Ici se place sa théorie de l’art, considéré