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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/542

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qui semble bien naturel. On conclut alors avec Ad. Garnier que « Descartes n’a fait qu’imaginer urie mauvaise transition lorsqu’il a amené l’existence de Dieu comme sanction de la question de l’évidence[1] »,’ou avec M. Rabier que Descartes « a étendu, trop à la légère, son doute à des propositions évidentes par elles-mêmes, telles que celle-ci : Tout ce qui pense existe[2]. »

On voit où nous en sommes arrivés. Pour la véracité divine comme pour le Cogito, ergo sum, les textes de Descartes varient, semblent se contredire les uns les autres ; de là une double tendance chez les commentateurs : les uns s’attachent seulement à une partie des textes, à ceux qui ruinent par la base la philosophie cartésienne : les autres ne veulent guère considérer que les textes où Descartes se défend d’avoir commis une faute quelconque contre la logique ; les uns et les autres négligent les textes qui leur sont contraires ou ne les expliquent pas. Il nous semble que, pour arriver à une intelligence complète de la pensée de Descartes sur ces deux points si controversés, il faut tenir un compte égal de tous les textes. Aucun n’est contesté, ils ont tous été écrits avec une réflexion égale, ils représentent à un égal degré la pensée de leur auteur. Il a pu y mettre à dessein des sous-entendus et des restrictions ; mais une étude attentive permet de découvrir les signes extérieurs de ces restrictions.

Fonsegrive.
(La fin prochainement.)

  1. Introduction aux Œuvres de Descartes, t.  I. p. cxli, Ad. Garnier ajoute : « faute qu’il n’avait pas commise dans le Discours de la méthode ; » c’est au contraire dans le Discours que le cercle apparaît avec plus de force.
  2. Discours de la méthode, avec des Études critiques par E. Rabier, Étude VI, p. 102. 1 vol.  in-18. Delagrave, 1877. Voir aussi Étude XI.