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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/548

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théories, mais C’est aussi un sérieux essai de synthèse en biologie. Il ne faudrait pas croire en effet que les deux parties du livre : physiologie des muscles, physiologie des nerfs, sont traitées séparément. L’auteur, guidé par cet esprit philosophique, malheureusement rare chez les médecins, et qui le distingue d’une manière si particulière, note et rassemble avec sagacité les rapports si nombreux et si étroits des deux tissus et institue entre eux une comparaison féconde, il a soin d’ailleurs, dans une première leçon très remarquable au point de vue synthétique, de les montrer comme en germe, avec leurs grandes propriétés et leurs fonctions essentielles, dans la cellule. Enfin il essaye de ramener tous ces phénomènes vitaux à des actions mécaniques, et son dernier mot est un éloge de Descartes, dont le génie pénétrant a su concevoir sur la vie ce que la science moderne démontre. — Il y a donc dans ce livre une réelle unité, aussi bien dans l’idée maîtresse que dans le développement des questions.

C’est de celles-ci qu’il importe maintenant de rendre un compte sommaire.

La biologie paraît à M. Richet entièrement dépendante de deux théories découvertes à notre époque : la théorie cellulaire et celle de l’évolution. Chaque cellule a au fon la même structure et présente une membrane d’enveloppe, un contenu demi liquide, granuleux, ou protoplasma, et au milieu de ce protoplasma une petite masse plus foncée ou noyau. La division du noyau entraîne la division du protoplasma, et ainsi il se forme une nouvelle cellule qui, par une scission analogue, donnera naissance à une autre cellule, et ainsi de suite. Or tous les tissus sont composés de cellules, et le système musculaire et le système nerveux ne sont que des variétés de tissu cellulaire. De là il suit que chaque physiologie spéciale n’est qu’un cas particulier de la physiologie de la cellule.

Dans cette théorie se montre nettement l’identité d’origine et de fonctionnement de toutes les parties de l’organisme. Cette réduction à l’unité devient plus précise et plus forte en se rattachant naturellement à la théorie de l’évolution. Mais il serait oiseux de rappeler les principes de cette doctrine dans la Revue. La théorie de la descendance mous amène à considérer le premier organisme comme une cellule : la cellule est donc la forme-mère de tous les êtres comme de tous les tissus.

Mais comment la cellule primitive a-t-elle pu devenir un être aussi perfectionné qu’un vertébré ? Cette évolution progressive va été principalement dirigée par la loi, que M. Milne-Edwards a si bien étudiée, de la division du travail. La cellule, d’abord homogène, suffisait à toutes les fonctions ; dans les êtres de moins en moins simples, ces fonctions se sont peu à peu différenciées et, en se divisant, perfectionnées. — Ici aurait pu trouver place une de ces études critiques dont j’ai signalé, d’une façon générale, l’absence. Tous les physiologistes en effet n’admettent pas en ce sens la loi de la division du travail. M. Robin s’en est