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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/549

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ANALYSES.ch. richet. Physiologie des muscles et des nerfs .

montré l’adversaire décidé[1], et la question est assez importante en physiologie générale pour qu’on ne la passe point entièrement sous silence. Il est vrai que M. Robin combat moins la loi de la division du travail en elle-même qu’à cause de ses rapports avec la théorie cellulaire, et, à la prendre en elle-même, il critique plutôt, ce semble, le mot que la chose. Mais la question se posait d’autant plus que M. Robin préfère toujours à la théorie cellulaire sa théorie de la genèse des éléments anatomiques, aux dépens de blastèmes ou liquides organiques préexistants.

Ces prémisses étant posées qui montrent l’importance de la cellule il convient d’établir la physiologie de cet élément, puisque toute la physiologie des muscles et des nerfs en dérive. La vie de la cellule, d’après M. Richet, pourrait se résumer d’un mot : irritabilité. La question de l’irritabilité reparaîtra à propos du muscle et du nerf, et à ce moment l’exposition un peu détaillée des idées de l’auteur, reposant sur un plus grand nombre de faits, sera mieux placée. Il suffit maintenant de savoir ce qu’on entend par le mot. « Toute cellule, écrit M. Richet, est dans un certain état chimique et physique. Si l’on vient à changer cet état, aussitôt la cellule réagira, que l’excitation soit physique, chimique ou mécanique. En cela l’être vivant, animé, diffère des corps inertes qui subissent passivement, sans résistance, l’action des forces physico-chimiques. L’irritabilité, c’est donc la réaction de l’être aux forces extérieures qui viennent agir sur lui. Cette irritabilité s’observe également dans les muscles et dans les nerfs ; l’excitation du muscle provoque un mouvement ; l’excitation du nerf provoque une sensation. Dans les deux cas, l’irritabilité est mise en jeu. Etre irritable est donc le propre aussi bien des muscles et des nerfs que de la cellule sarcodique. » (P. 5, 6.) Les cellules ont donc une faculté de réaction. Lorsqu’un corps étranger vient à leur contact, elles se déplacent et cherchent à l’éviter ou à l’entourer, phénomènes qui impliquent à la fois la sensibilité et le mouvement, sensibilité obscure, il est vrai, et mouvement grossier. Mais cette mobilité des cellules, pour ne pas dire motilité, est si réelle qu’elle a été très minutieusement observée et décrite.

C’est sous les excitants les plus divers qu’entre en jeu l’irritabilité cellulaire. La température, jusqu’à un certain degré cependant, augmente la rapidité des mouvements protoplasmiques (voy. fig.  2, p. 9). Certains excitants chimiques ont le même effet ; ainsi l’influence de l’oxygène est manifeste il se passe même dans cette action de l’oxygène sur la cellule un phénomène remarquable qu’on a donné comme une preuve de l’existence chez ces organismes d’une sorte de sensibilité rudimentaire : les prolongements les plus volumineux et les plus nombreux de la substance protoplasmique s’observent sur la partie de la cellule tournée du côté de l’air. C’est que l’oxygène est indispensable à la vie de la cellule comme à celle du tissu musculaire et du tissu

  1. Voy. Anatomie et physiologie cellulaires, p. 294.