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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/550

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nerveux. — D’autres substances chimiques, au contraire, paralysent les mouvements des cellules. Ainsi agissent l’éther et le chloroforme sur le protoplasma végétal et sur le protoplasma animal. CI. Bernard a été tellement frappé de ces faits qu’il n’a pas craint de comparer cet engourdissement ou paralysie de la cellule sous l’influence du chloroforme à une véritable anesthésie. Les phénomènes compliqués de l’anesthésie, telle qu’on l’observe chez les animaux supérieurs, rentreraient donc dans les lois relativement simples des modifications chimiques de la cellule. — La cellule réagit encore à la lumière, aux excitations mécaniques, à l’électricité. — Dans les conditions générales suivantes de l’irritabilité cellulaire : 1o tout changement d’état est un irritant de la cellule et, par conséquent, provoque sa contractilité ; 2o ce changement d’état doit être brusque, car, s’il est graduel, il ne provoque pas de réaction ; 3o une excitation très brève provoque un mouvement prolongé ; — on a vu, non sans raison, des conditions de la vie cérébrale et, par suite, psychique. La dernière en particulier n’est-elle pas intimement liée à ce qu’on appelle la rétentivité des éléments nerveux, propriété dont le rôle est si important pour une explication de la mémoire ?

En résumé, l’irritabilité et le mouvement constituent une propriété générale, commune à toutes les cellules ; mais, à mesure que l’être se perfectionne, les fonctions se localisent dans des organes différents, le travail physiologiques se divise, de sorte que les cellules musculaires sont irritables et contractiles et les cellules nerveuses irritables et sensibles ; et cette sensibilité devient consciente, alors que la sensibilité consciente des cellules primitives est encore douteuse, sauf pour Hæckel et pour ceux qui croient à toute la Psychologie cellulaire, — et, en tout cas, si elle existe, est fort obtuse. — Il reste enfin que les lois de l’irritabilité sont les mêmes pour toutes les cellules.

Les onze leçons qui suivent sont consacrées à la physiologie du muscle. Il y a là, on le conçoit, beaucoup moins de choses intéressant le philosophe que dans la partie qui traite du système nerveux. Quelques points cependant sont à signaler.

En commençant l’étude de la contraction musculaire, l’auteur rappelle les recherches et la théorie de Haller sur l’irritabilité. Haller démontra que le muscle, même soustrait à toute influence nerveuse, est irritable et contractile ; mais il confondit l’irritabilité et la contractilité que nous distinguons, celle-ci n’étant que le signe, la manifestation de celle-là. Cette contractilité du muscle au fond ne diffère pas de la contractilité de la cellule, mais elle s’est perfectionnée. Ainsi, alors que la cellule ne répond à une excitation qu’après un temps assez long, le muscle strié répond près de mille fois plus vite. « C’est que l’appareil musculaire est très perfectionné et bien mieux disposé pour le mouvement que la cellule simple, qui, outre le mouvement, a tant d’autres fonctions à remplir » (p. 61).

Ce perfectionnement s’est réalisé peu à peu. Moins la structure du muscle s’éloigne de la structure de la cellule, plus la contraction a une