Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/553

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
543
ANALYSES.ch. richet. Physiologie des muscles et des nerfs .

dans une œuvre comme la sienne ; la chose est importante, à vrai dire ; mais, d’où qu’elle vint, la découverte, car c’en est une, était accomplie. Fait capital ! Toute la biologie, sa méthode, son esprit, sa haute portée, tient à Descartes. Puis Glisson conçoit l’idée de l’irritabilité des tissus, sur laquelle Haller insistera. M. Richet aurait pu montrer le rapport du mécanisme cartésien avec cette grande idée. Cl. Bernard en effet n’a-t-il pas indiqué la relation qui existe entre l’irritabilité et le fait général de la réaction de toute molécule matérielle à un choc extérieur ? — Les physiologistes du xviiie siècle n’ajoutent aux connaissances antérieures que quelques expériences intéressantes, mais dont ils ne voient pas les conséquences. C’est au xixe siècle qu’on commence de former un corps solide de doctrines physiologiques, aussi bien sur les fonctions du système nerveux que sur les autres parties de la science. M. Richet donne en une revue rapide l’énoncé des principales découvertes et expériences faites à notre époque.

Après cet historique vient l’étude de la structure du système nerveux et de son rôle en général. M. Richet ne néglige pas d’indiquer dans toute la série animale les principaux caractères du système nerveux ; la constatation de ses progrès successifs montre clairement qu’il est bien un appareil d’harmonisation. Il faut voir dans ce chapitre d’anatomie comparée une marque des préoccupations des biologistes modernes. Ces études comparatives en effet résultent de la méthode même de la biologie générale, puisque c’est grâce à de telles études que peuvent s’établir entre les faits des rapports nouveaux, et c’est sur ces rapports que se fondent les lois scientifiques. Mais ce recherches dépendent encore de la méthode par un autre côté ; car on s’est mis à penser que, tel phénomène étant donné, on ne le connaît point réellement quand on l’a décrit, mais qu’il faut, pour en bien pénétrer la nature, en chercher l’origine et en suivre les développements successifs. — Qu’il soit permis de prendre un exemple. M. Richet signale le rôle de la couche grise corticale de l’encéphale, surajoutée à l’axe encéphalo-médullaire ; on conçoit que son rôle soit différent de celui de l’axe. Elle constitue en effet un appareil de perfectionnement ; il est à peu près démontré que l’intelligence y siège. Or l’intelligence, pas plus que la couche corticale, n’est indispensable à la vie. Ainsi, chez les batraciens et les reptiles, la substance grise périphérique, lorsqu’elle existe, est réduite à un minimum d’épaisseur ; chez les jeunes animaux, ses fonctions, d’abord presque nulles, ne se développent que graduellement, quelques jours après la naissance ; son ablation chez les oiseaux n’entraîne pas la mort. Tous ces faits tendent à prouver que la formation de la couche corticale est un pas de plus dans la voie du progrès et des spécialisations organiques où le développement du système nerveux central a porté l’animalité. Grâce à cette appareil d’harmonisation, toutes les fonctions, cessant de s’exercer isolément, retentissent l’une sur l’autre ; les centres nerveux supérieurs reçoivent les impressions que les nerfs ont éprouvées à la périphérie et les transforment de telle sorte qu’elles