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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/626

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Que la muqueuse olfactive par exemple soit congestionnée, que la muqueuse linguale soit revêtue d’un enduit épithélial plus épais que d’habitude, les substances odorantes et sapides n’arriveront aux terminaisons nerveuses qu’avec difficulté et au bout d’un temps très long. C’est ainsi que j’ai constaté que la durée du temps de réaction des sensations olfactives est augmentée dans le cas de coryza. Pour la vue au contraire, que la cornée soit trouble et malade, la vitesse de la transmission lumineuse n’en est pas influencée ; le rayon lumineux passe ou ne passe pas ; il n’y a pas de milieu ; mais quand il passe, c’est toujours avec la même vitesse.

Pour la deuxième période, modification de l’appareil sensitif terminal, nous sommes beaucoup moins avancés que pour la première, et nous n’avons que des données très insuffisantes. Nous ne savons pas en quoi consiste la modification produite par la lumière sur un bâtonnet de la rétine, par les vibrations sonores sur l’organe de. Corti, par un agent mécanique sur un corpuscule du tact, par une substance odorante ou sapide sur les cellules olfactives ou gustatives. Il est possible que, dans certains cas, cette modification soit de nature chimique (rétine ? goût ? olfaction ?) ; dans d’autres, de nature mécanique (tact, audition) ; mais, dans l’état actuel de la physiologie, il nous est impossible de rien affirmer.

Nous pouvons cependant admettre avec une certitude presque absolue que si cette deuxième période n’a pas la même durée pour les différentes sensations, ce qui est probable, ces différences de durée sont bien moins marquées d’une sensation à l’autre que pour la première période. Reste à savoir s’il n’y aurait pas égalité de durée de cette deuxième période pour toutes les sensations. Jusqu’à présent, il est impossible de répondre d’une façon absolue à cette question. Mais des raisons de plusieurs ordres peuvent être invoquées en faveur de l’inégalité de durée. En premier lieu, les différences de structure de ces appareils nerveux terminaux, dans chaque sens, semblent impliquer un fonctionnement différent et, par suite, une durée inégale de ce fonctionnement. En second lieu, si l’on admet, ce qui est vraisemblable, que la troisième période a une durée égale pour toutes les sensations, on trouverait dans ce fait un deuxième argument, et très puissant, que je demande la permission de développer.

En étudiant le temps de réaction des sensations, tous les expérimentateurs, presque sans exception, ont constaté que ce temps de réaction est plus long pour les sensations visuelles que pour les sensations auditives et tactiles. À quoi peut tenir cette plus grande durée du temps de réaction des sensations visuelles ? Pour cela, nous