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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/697

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revue des périodiques

Volume IV, Fascicule I.

Lombroso. Amour anormal et précoce chez les fous. — Nous rendons compte de cet article avec quelque développement, car il contient de nombreux documents qui pourront servir un jour à l’auteur qui entreprendra d’écrire la physiologie et la pathologie de l’instinct sexuel. L’article débute par la relation d’un cas intéressant et personnel au professeur Lombroso. Il s’agit d’un homme de vingt ans, qui entre en érection toutes les fois qu’il voit un objet blanc, fut-ce un mur ; l’érection a lieu spécialement lorsqu’il s’agit d’un linge flottant. Le malade rapporte la naissance de cet étrange phénomène au temps de sa première enfance, à l’époque où, âgé de trois à quatre ans, il allait à l’asile avec ses petits compagnons en tablier blanc ; même à cet âge, il éprouvait un vif plaisir à toucher les tabliers ; le frôlement du linge lui donnait des érections. À neuf ans, il s’adonna à la masturbation. Précoce d’intelligence et appliqué jusqu’à ce moment, il commença à s’absenter de l’école, vola 22 francs à ses parents, s’enfuit à Gènes, s’embarqua, arriva à Naples, d’où il fut ramené chez ses parents à Turin. À douze ans, il vint en France à pied et y travailla comme maçon. À quatorze ans, il eut ses premiers rapports avec des femmes. À dix-huit ans, accusé d’homicide, il fut condamné à un an de prison.

Ce malade descend de parents névropathes. Son père est sain, mais sa mère a des douleurs hémicràniennes, sa sœur est hystérique, son aïeul est mort d’un chagrin causé par des pertes d’argent, un de ses cousins est demi imbécile, un frère est bègue.

Le professeur Lombroso avait d’abord jugé qu’il avait affaire à un névropathe, comme l’attestaient l’hérédité, la parésie du côté gauche observée chez le malade, et d’autres signes encore. Mais il avait pensé que la perversion génitale du malade était simulée, jusqu’au moment où il prit connaissance des observations recueillies par Magnan et Charcot, et publiées par ces deux professeurs dans les Archives de neurologie (1882, 14 et 12). Nous n’avons pas à résumer ici ces observations, que les lecteurs de la Revue connaissent probablement. Nous relevons simplement, avec le professeur Lombroso, la curieuse analogie qui existe entre son observation et celle du nommé C…, âgé de trente-sept ans, poursuivi par une étrange obsession qui avait aussi pour objet des tabliers blancs. Il semble que les deux observations soient calquées l’une sur l’autre. Seulement la perversion génitale du nommé C… paraît avoir atteint un développement plus considérable, le tableau clinique de l’affection est plus complet.

Ces perversions ont pour caractère d’être toujours précoces. Dès l’âge de trois ans, Bor…, le malade de Lombroso, est envahi par l’obsession maladive ; le malade de Westphall est atteint à huit ans ; celui de Charcot, R…, à six ans. Lombroso a connu une petite fille qui manifestait dès l’âge de trois ans une tendance à se masturber ; ni conseils ni menaces ne pouvaient arrêter cette tendance. Une autre