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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/698

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commence à se masturber à huit ans, et deux de ses enfants héritent de cette marque de dégénérescence. Beaucoup d’autres exemples du même genre sont cités à la suite.

L’article s’arrête là. On peut regretter que l’auteur n’ait pas cherché à expliquer ces curieux phénomènes de perversion génitale. Les malades qui présentent ces perversions sont marqués du cachet de la dégénérescence héréditaire, tout le monde l’admet ; mais la forme particulière que revêt la perversion est évidemment un phénomène acquis. Comment, par suite de quelles conditions le nommé C… en arrive-t-il à trouver une jouissance sexuelle dans la vue des tabliers blancs ? Pourquoi le délire d’un autre malade a-t-il pour objectif des clous de bottine ? Voilà des questions qui mériteraient d’être examinées.

Marro et Lombroso. Les germes de la folie morale et du délit chez les enfants. — Les auteurs ont voulu démontrer que les germes de la folie morale et de la tendance au délit se rencontrent, non pas exceptionnellement, mais normalement, dans le premier état de l’homme, de même que dans le fœtus on trouve constamment certaines formes qui, chez l’adulte, sont des monstruosités ; de sorte que l’enfant représenterait un homme privé de sens moral, ou, comme disent les aliénistes, un homme atteint de folie morale, ou, comme disent les criminalistes, un délinquant de naissance. Pour démontrer cette thèse, les auteurs ont étudié chez l’enfant la colère, l’impulsivité, la vengeance, la jalousie, les mensonges, le sens moral, la cruauté, les affections, la paresse, le jargon, la vanité, l’alcoolisme, le jeu, les tendances obscènes, l’imitation. On pourrait désirer un peu plus d’ordre et de méthode. Un grand nombre de faits sont empruntés aux excellents ouvrages de Bernard Perez, collaborateur de cette Revue.

Ferri. L’éducation, le milieu et la criminalité. — L’auteur se pose d’abord la question suivante : L’éducation peut-elle, et dans quelle mesure peut-elle modifier l’homme en bien ou en mal ? Ce problème, que les gens du monde résolvent généralement en faisant des phrases sur le pouvoir régénérateur de l’éducation, n’a été sérieusement examiné dans aucun traité de pédagogie ; cependant ce devrait être là le point de départ de toute étude sur l’art d’élever les hommes.

L’éducation est physique, intellectuelle et morale. Ne nous occupons que de l’éducation morale. Quel est son pouvoir ? Tout d’abord, il faut remarquer que ses moyens d’action ne s’adressent qu’aux organes sensoriels des individus ; on leur donne des conseils, on leur met sous les yeux des exemples, etc. Que peuvent faire des impressions extérieures, des maximes abstraites contre le développement interne des passions qui sont l’effet de dispositions organiques spéciales, encore inconnues, et qui ont peut-être leur siège moins dans le cerveau que dans les autres viscères ? D’autre part, l’histoire démontre que le développement de la moralité ne va nullement de pair avec celui des con-