Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

----

ANALYSES ET COMPTES RENDUS


John Watson. — Kant and his English Critics, a Comparison of Critical and Empirical Philisophy. — Glasgow, Maclehose, 1881.

Voici un livre anglais, qui nous vient du Canada, et qui renferme à la fois une apologie très décidée de la philosophie kantienne et une réfutation très vigoureuse de l’empirisme anglais contemporain. L’Angleterre ne nous a guère habitués à de telles lectures, et ne fût-ce que pour la singularité du fait, peut-être aussi à titre de renseignement sur une direction nouvelle que semble prendre l’esprit philosophique chez nos voisins, le livre de M. Watson devrait attirer l’attention. Hâtons-nous d’ajouter qu’il a d’autres mérites, et qu’il vaut par lui-même la peine d’être lu —. c’est l’œuvre d’un penseur et d’un maître.

« Le but du présent ouvrage, dit l’auteur au commencement de sa préface, est d’indiquer les erreurs d’interprétation qui ont empêché jusqu’ici la théorie de la connaissance de Kant d’être appréciée comme elle le mérite, malgré les amples éclaircissements dont elle a été récemment l’objet, et de montrer en détail que la Critique de la raison pure pose et résout en partie le problème que la psychologie empirique anglaise n’a fait qu’effleurer. » Les deux parties que l’auteur distingue ne sont pas traitées isolément. Ce n’est ni une exposition continue de la philosophie de Kant, ni un livre de pure polémique. Les théories kantiennes ne sont exposées qu’autant qu’il est nécessaire pour redresser es nombreuses erreurs commises par ceux qui les ont combattues. Il est vrai que, pour atteindre ce but, l’exposition doit être souvent longue, minutieuse et en apparence subtile. C’est peut-être la faute des adversaires du kantisme, peut-être un peu celle de Kant ; certainement ce c’est pas celle de M. Watson. La critique de l’empirisme n’est aussi pour M. Watson qu’une occasion de mieux montrer la valeur des principes kantiens et de les mettre en quelque sorte à l’épreuve. Il y a deux manières de défendre une doctrine : on peut la justifier directement par une exposition détaillée ; on peut aussi, et ce procédé indirect est peut-être le plus décisif, la mettre aux prises avec les autres doctrines, et par cette offensive hardie en établir au grand jour la supériorité. C’est ce dernier procédé que M. Watson a adopté. L’écueil de cette méthode était de rompre l’unité du système, de passer trop souvent et trop