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CORRESPONDANCE


Réponse à la critique de M. Binet sur le livre de M. Bernheim :

DE LA SUGGESTION ET DE SES APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES

L’appréciation de M. Binet sur mon livre De la suggestion et de ses applications thérapeutiques[1] émane d’une plume irritée ; les lecteurs de la Revue ont dû s’en apercevoir. Ira male suadet. Sa mauvaise humeur a écarté notre honorable contradicteur des voies de l’impartialité que le vrai philosophe ne devrait jamais abandonner.

M. Binet commence par me reprocher de m’être approprié les descriptions de M. Beaunis et de M. Liébeault, ou, du moins, de n’avoir pas rapporté à chaque auteur la paternité de ses œuvres. Mon livre ne serait qu’un anachronisme ; ma part serait absolument nulle ; je n’aurais fait qu’illustrer par des exemples nouveaux des faits connus.

Les lecteurs qui ont lu le livre de M. Liébeault publié en 1866, mes études sur la suggestion publiées dans la Revue médicale de l’Est en 1883 et réunies en volume en 1884, les études de M. Beaunis publiées dans la Revue médicale de l’Est et dans la Revue philosophique en 1885, réunies en volume en 1886, auront apprécié à sa juste valeur cette étrange insinuation. Ceux qui me feront l’honneur de lire mon nouveau livre me rendront cette justice que j’ai attribué à chacun ce qui lui revient avec une scrupuleuse conscience ; j’ai écrit un livre honnête ; je n’ai revendiqué aucun fait qui ne m’appartienne.

Suivant M. Binet, les suggestions à échéance éloignée et les changements de personnalité appartiennent à M. Richet, l’hémorrhagie suggérée à MM. Bourru et Burot, les suggestions criminelles et leurs applications possibles à la médecine légale à M. Féré, les mouvements par imitation à Heidenhain et Richer, etc. Je ne me suis pas attribué ces découvertes ; mais je pourrais démontrer à M. Binet que les suggestions à longue échéance ont été signalées bien avant M. Richet par le général Noizet et par M. Liébeault, que les changements de personnalité ont été signalés par MM. Durand de Gros et Liébeault (il est vrai que M. Richet en a fait une étude plus complète) ; que l’hémorrhagie suggérée a été mentionnée bien avant MM. Bourru et Burot par de Puységur ; que les suggestions criminelles et leurs applications possibles

  1. Voir le numéro de novembre 1886.