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doivent être considérées comme la fonction logique fondamentale qui agit dès les premières impressions de l’enfant, et va se développant à mesure que ces impressions deviennent plus complètes, plus distinctes, plus différenciées.

Ce procès logique fondamental est le résultat des rapports associatifs des sensations et des idées, et surtout des rapports d’antithèse auxquels s’associent des états de l’âme analogues, de plaisir ou de douleur. Il en résulte que, par la force même de la fonction dont naît la conclusion dans le procès normal de l’idéation, chaque idée porte nécessairement avec elle l’idée antithétique, seulement par l’action de l’attention cette dernière ne rejoint pas le champ visuel de la conscience, et reste obscurcie, mais non inconsciente, en raffermissant l’idée du contraste.

Le même « moi », quand il naît la première fois avec la première idée de l’espace, est strictement lié au « non-moi », comme le blanc réveille l’idée du noir, le plaisir celle de la douleur, la lumière celle de l’obscurité, et ainsi de suite.

Quand l’attention dirige le procès idéatif selon les lois associatives, par le fil logique qui se déroule dans le champ visuel de la conscience, mais accessible aux impressions extérieures, l’idéation suit une voie déterminée. Mais lorsque l’attention, la volonté et la conscience sont abolies ou affaiblies, comme dans le somnambulisme, on ne peut réveiller que des images du dehors, comme dans les suggestions, et ces images sont évanescentes et peuvent disparaître avec les impressions qui éveillent d’autres images jusqu’alors endormies dans l’inconscient, dont par la même loi associative naît l’idée, ou l’image, ou le sentiment, ou l’impulsion, qui est dans le plus intime rapport avec cette disparition, c’est-à-dire dans le rapport de contraste ou d’antithèse.

L’aimant, le chaud, le froid, le contact, réveillent de nouvelles images qui repoussent celles qui ont été précédemment suggérées, et des états corrélatifs qui se développent sans être modifiés ni coordonnés par les facultés les plus élevées de l’esprit ; d’où suit la forte déviation galvanométrique que l’on n’observe guère dans l’état normal sous de semblables stimulants.

Une jeune personne que M. le docteur Fusco nous a présentée nous a fourni la preuve à l’appui de ce que nous venons de dire. Lorsque ce remarquable sujet était dans l’état somnambulique, chaque suggestion douloureuse changeait en lui l’état somnambulique en état cataleptique ; cela n’avait pas lieu lorsqu’on provoquait une suggestion agréable. Or, il arrivait constamment que si on appliquait l’aimant après avoir provoqué une suggestion agréable, son visage