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ANALYSES.sc. novanticus. Metaphysica nova et vetusta.

datum attuitionnel en une connaissance raisonnable ? — Scotus Novanticus distingue dans cet acte de métamorphose cinq moments :

1. Un mouvement cinétique de la volonté contre l’objet présenté, lequel était déjà dans l’attuition comme différent du sujet. — 2. Ce présenté est ou A, B, C ou D, etc. — 3. Il n’est ni B, ni C, ni D. – 4. Conséquemment, — 5. A est A. « Cette conclusion touchant l’existence et l’identité de A donne satisfaction à cette pure forme de fin qui est au fond de la conscience, au moment où elle développe son vouloir. Et cette fin est, comme nous le voyons, un percept. L’objet est dorénavant en antagonisme avec le sujet. Il est, grâce à un processus mental indiqué plus haut, pris et subsumé par le sujet, c’est-à-dire connu et perçu, et aussitôt après affirmé. »

« Ainsi dans cette nouvelle sphère de la Conscience — la Perception — je découvre les formes suivantes : 1 fin, 2 exclusion du milieu, 3 contradiction, 4 raison suffisante, 5 existence ou identité, avec l’affirmation qui s’ensuit. Ces formes (ou lois de mouvement) sont simplement l’expression explicite du mouvement implicite que contient cette nouvelle marche en avant de la conscience, — cette absolument inexplicable spontanéité, cet acte pur (actus purus), cette volonté qui gît à la racine de l’ensemble. »

« Nous sommes par l’activité perceptive lancés dans la sphère de la raison. »

En résumé, si l’on analyse de très près l’acte de perception, qui est l’acte élémentaire de la raison, on y doit distinguer huit moments essentiels :

1. L’inexplicable entrée en action de la volonté elle-même, sous forme de mouvement cinétique.

2. — La forme de fin cachée au cœur de la volonté.

3. — La forme de l’exclusion du milieu.

4. — La forme de contradiction.

5. — La forme de raison suffisante.

6. — La forme d’identité.

7. — La relation à l’unité de la conscience.

8. — L’affirmation de l’extériorité et de l’indépendance de l’objet présenté (déjà senti auparavant comme extérieur dans l’attuition).

« Ces moments, je le soutiens, constituent la raison. Ils ne sont pas, ils ne peuvent pas être (Hume l’a montré une fois pour toutes) reçus du dehors et venir d’impressions. Ils sont enveloppés dans l’activité première et primaire, dans ce mouvement que nous appelons l’acte perceptif. »

« Donc la volonté, this stupendous central force, que quelques-uns nous demandent de regarder comme un sensorium passif, comme un roseau agité par les vents, comme une feuille de papier sur laquelle il n’y a rien d’écrit, n’est pas un phénomène au milieu d’une série infinie de séquents invariables, et se déterminant l’un l’autre. »

Tout l’immense édifice de la raison n’est rien que l’activité perceptive