non-criminels[1]. M. Lombroso a trouvé plusieurs cas de microcéphalie et un grand nombre de cas de submicrocéphalie parmi les criminels ; on sait qu’ailleurs ces anomalies sont excessivement rares[2] ; il a déterminé pour le prognathisme 69 p. 100, proportion énorme dans la race européenne, qui, comme on le sait, est la moins prognathe.
Quant à ces déformations crâniennes qu’on peut appeler tératologiques ou atypiques, telles que la plagiocéphalie, la scaphocéphalie, l’oxycéphalie, M. Marro les a trouvées à nombre presque égal parmi les détenus et les gens supposés honnêtes. On a remarqué pourtant qu’un assemblage de plusieurs anomalies, qu’elles soient dégénératives ou tératologiques, est bien plus facile à trouver chez le même sujet criminel que chez tout autre individu.
En effet M. Ferri ayant comparé 711 soldats avec 699 détenus et forçats en a trouvé sans aucune anomalie le 37 p. 100 parmi les premiers, et le 10 p. 100 parmi les derniers ; un ou deux traits irréguliers ont été trouvés à nombre presque égal ; trois ou quatre chez les soldats dans la proportion de 11 p. 100 et de 33, 2 p. 100 chez les forçats ; mais les premiers ne présentaient jamais un nombre plus grand d’anomalies pendant que les forçats en avaient souvent jusqu’à six ou sept et même plus[3].
Des différences sont donc constatées et on ne saurait en nier la signification profonde. Peu importe que ce fait n’ait pas pour le moment d’intérêt pratique, parce qu’il ne nous donne pas le moyen de distinguer dans la foule un criminel. N’en est-il pas de même pour les types des nations appartenant à une même grande race ? Quoiqu’ils ne présentent pas des caractères anatomiques constants, et que partant ils ne sont pas de vrais types anthropologiques, tout le monde les distingue l’un de l’autre : le type français, par exemple, du type allemand[4]. Mais quel est le vrai trait saillant qui les caractėrise, comme ceux qui caractérisent la race nègre ou malaise, ou encore, en Europe, le type finnois et le type basque ? On ne saurait le dire ; c’est l’ensemble de plusieurs traits qui donnent à la physionomie un certain caractère presque indéfinissable, mais qui pourtant permettent de reconnaître et de distinguer un groupe tant soit peu nombreux d’Allemands d’un groupe à peu près égal de Français, de Slaves et d’Italiens.
M. Tarde, qui dans un brillant article publié dans cette même Revue a soulevé plusieurs doutes sur certains caractères anthropologiques