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société de psychologie physiologique

vement derrière lui les huit personnes présentes ; chacune d’elles, passant sa main sur l’épaule du sujet, lui donne cette main à toucher et à sentir pendant quelques secondes. Notons que de ces huit personnes, quatre étaient inconnues de l’hypnotisée.

Cet examen terminé, nous réunissons les mouchoirs des huit personnes, et les présentons successivement au sujet toujours endormi, en ayant soin de ne pas suivre le même ordre que pour l’olfaction des mains. — Chaque personne est reconnue sans hésitation par le sujet.

C’est en vain que nous avons usé de tous les artifices pour essayer de l’induire en erreur, représentant plusieurs fois de suite le même mouchoir, intervertissant l’ordre de toutes manières, et toutes précautions prises pour que la vue ne pût participer en rien à l’expérience, les personnes ont toujours été désignées avec une exactitude et une sûreté que rien n’a pu mettre en défaut.

En présence de ce fait et de tant d’autres analogues déjà observés, y aurait-il exagération à admettre que certains sujets, entraînés et habitués à frayer avec des malades, puissent par l’odorat reconnaître la présence de certaines affections ? Il n’est pas douteux que ces affections, en apportant des modifications dans le fonctionnement de l’organisme, doivent modifier également ce qu’on peut appeler l’odeur morale.

Les plus importantes de ces odeurs caractéristiques sont déjà classées en médecine, parce qu’elles ont frappé l’attention des praticiens : qui nous assure que la nomenclature n’en est pas beaucoup plus étendue pour un odorat plus subtil et plus exercé ? Rappelons pour mémoire l’exemple si souvent cité du chien retrouvant entre mille la trace de son maître.

Certes, nous ne voulons pas plaider ici la cause des somnambules de profession et de leurs ordonnances fantaisistes ; mais nous sommes convaincu que certains somnambules, après une série d’exercices préparatoires, pourraient entre les mains du médecin intelligent devenir, grâce à leurs sens hyperesthésiés, d’excellents instruments d’investigation et fournir souvent un précieux moyen de contrôle du diagnostic.

C. Sauvaire.

LIVRES DÉPOSÉS AU BUREAU DE LA REVUE

A. Moreau. Étude positive de la synthèse, in-8o. Paris, Reinwald.

E. de Pressensé. L’ancien monde et le christianisme, in-8o. Paris, Fischbacher.

Colajanni. Oscillations thermométriques et délits contre les personnes, in-8o. Lyon, Storek.

La possession de Jeanne Fery (1584), in-8o. Paris, Delahaye et Lecrosnier.

Beaunis. Le somnambulisme provoqué, 2e édit. in-18. Paris, J.-B. Baillière.