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REVUE GÉNÉRALE.marillier. La suggestion mentale, etc.

conquis des droits à vivre dans le souvenir des hommes comme l’un des plus accomplis, des plus ingénieux et des plus intéressants imposteurs de l’histoire[1]. » Nous ne pouvons ici discuter les conclusions du comité nous ne pouvons que renvoyer au rapport de M. Hodgson. Il a passé cinq mois dans l’Inde, a vu de près les théosophes, a eu entre les mains une correspondance fort compromettante pour la sincérité de Mme Blavatsky (ses lettres à M. et Mme Coulomb, où elle commande d’avance les miracles qu’il lui faut), et a soumis les faits à une critique très pénétrante et si consciencieuse qu’il s’est attiré les railleries des théosophes eux-mêmes. Je ne veux ici qu’indiquer très rapidement les phénomènes que M. Sinnett dit avoir observés et l’interprétation qu’il en donne d’accord avec tous ceux qui partagent sa foi.

Disons tout d’abord que celui des « Frères » avec lequel M. Sinnett a surtout été mis en rapport par l’intermédiaire de Mme Blavatsky est le célèbre Koot-Hoomi. Ce Koot-Hoomi n’est connu que par ses lettres, lettres qui ont été écrites par Mme Blavatsky : l’étude minutieuse faite par M. Hodgson de l’écriture et du style semble du moins l’établir[2]. Les phénomènes produits par Koot-Hoomi sur la demande de Mme Blavatsky sont aussi nombreux que variés : du fond du Thibet, il fait retentir dans les airs des sons de clochette à Simla et fait tomber des pluies de roses à Bénarès ; M. Sinnett et ses amis ont besoin d’une tasse à café et d’une soucoupe, loin de la ville, dans une partie de campagne, le « Frère » les leur fait trouver cachées dans le sol et elles sont toutes pareilles à celles que M. Sinnett a achetées à Londres quelques années auparavant et portent encore sans doute la marque du fabricant. Ils n’ont plus d’eau, Mme Blavatsky, grâce à Koot-Hoomi, sait en remplir occultement une bouteille. On trouve une broche dans un coussin clos de toutes parts ; une autre broche qu’une dame avait perdue depuis plusieurs années se retrouve sur sa demande dans une corbeille de fleurs du jardin, et pour M. Sinnett, la chose est aisée à expliquer. « On ne prétend pas, dit-il, que les courants mis en jeu transmettent les corps sous la forme solide qu’ils offrent à nos sens, on suppose que l’objet à transporter est d’abord désagrégé, puis qu’il circule dans les courants en particules infiniment ténues et enfin qu’il est reconstitué en arrivant à destination. Dans le cas de la broche, la première opération à faire était de la trouver. Ce n’était qu’une affaire de clairvoyance : un objet laisse une trace invisible partant de la personne qui le possédait, et cette trace peut être suivie comme une piste ; la faculté de clairvoyance est tellement développée chez un adepte en occultisme que notre monde occidental ne peut s’en faire une idée. La broche une fois trouvée, sa désintégration avait lieu, puis l’adepte la faisait parvenir à l’endroit où il voulait la placer[3]. » Ce qui est ici particulièrement intéressant, c’est la

  1. Ibid.
  2. Ibid., p. 277-317.
  3. Le monde occulte, p. 111.