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CORRESPONDANCE


Mon cher Directeur,

Dans une série d’articles parus dans les derniers numéros de la Revue philosophique, M. Delbouf discute, avec la plus grande courtoisie, du reste, un certain nombre d’opinions émises dans mes Recherches sur le somnambulisme provoqué. Il n’est pas dans mon intention de répondre, pour le moment, aux objections de M. Delbœuf. Les lecteurs de la Revue ont entre les mains les pièces du procès et ils sauront bien, sans que j’intervienne, reconnaître ce qu’il peut y avoir de juste ou de faux dans les critiques de M. Delbœuf ; il n’est pas besoin de leur mettre les points sur les i.

Cependant je ne puis laisser passer sans réponse la fin de son article : De la prétendue veille somnambulique. Après avoir reproduit in extenso un très long passage du paragraphe de mon livre : De la spontanéité dans le somnambulisme, il termine par ces mots :

« À mes yeux, ces lignes renferment une erreur de fait, un sophisme et une contradiction. »

On voit que M. Delbœuf n’y va pas de main morte, et, avec des lecteurs tant soit peu suggestibles, j’aurais du mal à me relever de ce coup de massue.

J’essayerai cependant. Quelques mots sur ces trois points.

1o Une erreur de fait. La voici. J’ai dit que le somnambule se croit libre quand il exécute l’acte qui lui a été suggéré. Ce fait, nié par M. Delbœuf, je le maintiens contre lui pour tous les actes suggérés qui ne répugnent pas absolument au caractère et aux habitudes de l’hypnotisé. J’ai, du reste, pris soin, dans le passage même cité par M. Delbœuf, de spécifier les cas dans lesquels cette conscience de sa liberté n’existe pas chez le somnambule.

2o Un sophisme. Le voici. J’ai dit en me basant sur les faits observés : « Nous pouvons donc nous croire libres et ne pas l’être. Quel fond pouvons-nous donc faire sur le témoignage de notre conscience, et ce témoignage, n’est-on pas en droit de le récuser, puisqu’il peut nous tromper ainsi ? Et que devient l’argument tiré, en faveur du libre arbitre, du sentiment que nous avons de notre liberté ? » Voici maintenant ce que dit M. Delbœuf à propos de ce passage. « Il (M. Beaunis) en conclut que la croyance à la liberté ne prouve pas le libre arbitre, et