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correspondance

que, par conséquent, il est possible, probable, certain même, que nous sommes guidés fatalement sans le savoir. » Mais les mots probable et certain, que j’ai soulignés et qui constitueraient le sophisme, sont de trop. Je n’ai rien dit de semblable et je mets au défi mon contradicteur de trouver, dans le passage qu’il cite, les conclusions qu’il en tire. Le sophisme n’existe que dans la phrase et dans l’imagination de M. Delbœuf ; il l’a créé de toutes pièces pour se donner le plaisir de le combattre.

3o Une contradiction. Sur ce dernier point, je ferai une simple remarque. Je n’ai jamais eu, dans mon livre, l’intention de traiter la question du libre arbitre ; loin de là. Je n’ai voulu l’étudier que dans les cas de somnambulisme provoqué, et encore, pour mieux préciser ma pensée, ai-je intitulé mon paragraphe : De la spontanéité dans le somnambulisme, et non : De la liberté ou du libre arbitre dans le somnambulisme. M. Delbœuf, que son bourgeon (pour employer ses expressions) taquine sans doute outre mesure, voudrait peut-être m’entraîner sur le terrain de la discussion philosophique du libre arbitre et partir en guerre sainte contre le mécréant qu’il suppose ne pas sacrifier à son idole. Mais je refuse absolument de lui donner cette satisfaction. J’ai parlé purement et simplement de responsabilité médico-légale. Je m’en tiens là.

Je m’arrête. Vos lecteurs pourraient trouver que ma prose devient trop envahissante. Qu’ils me permettent, cependant, pour terminer, de riposter aux projectiles de mon adversaire par une flèche légère empruntée à son carquois si bien fourni :

Les gens que vous tuez se portent assez bien.
Beaunis.
7 mars.

Saint-Omer, le 24 février 1887.
Monsieur le Directeur,

Voulez-vous me permettre quelques mots d’explication au sujet du compte rendu qu’a fait M. Marion de la brochure du Dr Bérillon dans votre numéro du 1er février ?

M. Bérillon a cru pouvoir résumer en quatre lignes qu’il ne m’a pas communiquées l’opinion que j’avais émise au Congrès de Nancy, et, trahi par sa mémoire, il a donné à son insu une idée à la fois inexacte et incomplète des observations que j’avais présentées.

Sur la foi de cette analyse infidèle, M. Marion a pensé que j’avais opposé a priori une fin de non-recevoir quelque peu maussade à la curieuse proposition émise par le Dr Bérillon. Mes scrupules auraient eu « le fâcheux effet de faire immédiatement devier la discussion vers des banalités morales d’où elle n’aurait pu être ramenée sur le terrain de la science et des faits. »