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correspondance

ment pris texte de réserves fort opportunes, énoncées d’ailleurs à titre de remarques finales, pour combattre la thèse de M. Desjardins. En somme, je me suis placé au même point de vue que M. Marion.

J’ajouterai que la discussion, — une fois établie sur ce terrain, — n’a pas été « oiseuse ».

Il en est résulté fort clairement que si tout le monde est en paroles et en intention d’accord pour respecter les droits de l’enfant, il n’en est point du tout de même quand on passe à la pratique : en réalité, on accepte le mot sans examiner la chose, et le sophisme de l’ambiguïté des termes produit ses effets ordinaires qui sont ici plus dangereux que partout ailleurs. Était-ce donc se perdre dans les banalités morales que de demander à ces messieurs, puisqu’aussi bien ils entendaient se placer surtout à ce point de vue, de s’entendre autrement qu’en paroles sur la nature et la portée des droits de l’enfant ? C’était, ce semble, tout le contraire, si, comme l’admettra certainement M. Marion, il importe quand on parle d’une chose de poser d’abord une définition précise. Voilà pourquoi dans ma réponse à M. Liégeois, omise par l’auteur de la brochure, et en présence de vagues généralités », j’ai cherché à préciser la question.

Ainsi donc, si une discussion dilatoire est venue se greffer sur une discussion de faits, le « professeur de philosophie » que cite M. Bérillon n’y est pour rien. S’il a dû ensuite y prendre part, c’est uniquement pour opposer à des déclarations qui lui semblaient vagues une conception qu’il croit plus nette des droits de l’enfant.

Il a présenté d’abord des objections de fait et finalement quelques réserves morales, purement incidentes, qui ont été pour d’autres que lui une occasion de formuler des déclarations peut-être inattendues et probablement préméditées. Mais ni les unes ni les autres, ni les objections ni les réserves n’étaient maussades, et la proposition du Dr Bérillon, tout aventureuse qu’elle lui ait paru, lui a semblé originale, intéressante et, quoi qu’il en doive advenir, fort digne d’attention.

Le « professeur de philosophie » n’a donc point fait, au congrès de Nancy, — comme le craignait M. Marion — triste mine aux médecins hypnotisants. Il est trop pénétré de l’enseignement de Leibniz pour ne pas éprouver une sympathie profonde à l’égard des sciences positives et ne pas accepter avec un respect confiant tout ce qu’elles nous apprennent et nous apprendront encore sur le mécanisme au milieu duquel nous vivons et sur celui que nous portons en nous.

Veuillez agréer, monsieur le Directeur, l’assurance de mon respectueux dévouement.

E. Blum,
Secrétaire de la section de pédagogie au congrès de Nancy.