d’après laquelle la suggestion de paralysie atteint son but en affaiblissant et même en supprimant tout à fait la représentation du mouvement. L’image motrice étant supprimée, le courant moteur est comme tari dans sa source, ce qui entraîne consécutivement la paralysie du centre moteur, et tous les symptômes cliniques qui en sont la conséquence.
Pour vérifier cette hypothèse, il est logique de rechercher comment se comporterait la paralysie d’un mouvement qui ne serait pas précédé par une image motrice, c’est-à-dire par une représentation de mouvement. Nous choisissons pour l’expérience un réflexe. À l’état de veille, si on frappe sur la face antérieure du poignet d’un de nos sujets, le bras étant étendu sans appui, la main ouverte éprouve un soubresaut et tend à se fermer. Dans ce cas, le mouvement suit directement l’excitation, il n’est pas précédé d’une représentation mentale. Par suggestion somnambulique, nous supprimons ce réflexe, tout en laissant subsister la perception du choc sur le tendon. Au réveil, le réflexe ne peut plus être provoqué : la main n’est le siège d’aucune contracture, les muscles antagonistes (dans le cas présent les extenseurs) ne paraissent pas se contracter pour empêcher le mouvement de se produire. Comment donc le mouvement réflexe est-il suspendu ?
On peut même pousser l’expérience plus loin et paralyser par suggestion le muscle au point qu’il ne répond plus à un de ses excitants les plus énergiques, l’électricité. Ici encore, comment se fait l’action d’arrêt ? Nous posons le problème sans le résoudre.
Il n’est pas plus difficile d’obtenir par ce procédé une anesthésie qu’une paralysie : citons un exemple d’anesthésie systématique ; je pose un petit objet, un crayon, sur le disque rouge, en disant à la malade de penser qu’elle ne le voit pas. W. répond en riant que c’est impossible, puisque l’objet est devant elle, bien visible. Mais sur notre demande, elle regarde un moment le crayon posé sur le disque en s’imaginant qu’elle ne le voit pas, et bientôt l’anesthésie apparaît. Très surprise, la malade cherche en tâtonnant le crayon et ne parvient pas à le saisir, bien qu’il soit devant ses yeux.
7. — Nous avons vu plus haut qu’une contracture du sourcil détermine une sorte de dynamogénie générale. Si on impose au sujet par suggestion une paralysie de ce même mouvement, on obtient un effet inverse. Le sujet au réveil se sent tout étonné, sans pouvoir en indiquer la cause ; il manque d’assurance, il se trouve changé ; quelquefois, il dit franchement qu’il se sent bête ; sa force dynamométrique a baissé ; son temps de réaction physiologique s’est allongé. Que deviennent ses images mentales ? Elles suivent l’affaissement général.