Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIII.djvu/628

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
618
revue philosophique

rites) ; XVII. Du fétichisme et de l’idolâtrie ; XVIII. De la sorcellerie et du sacerdoce ; XIX. Du mythe et de ses éléments constitutifs ; XX. Comment les mythes se forment et se déforment ; XXI. Rapports de la religion avec la science et la morale ; XXII, Résumé et synthèse. L’auteur reproduit en appendice un intéressant travail sur la nécessité d’introduire l’histoire des religions dans l’enseignement public et répond enfin à quelques objections produites contre son cours.

Nous avions nous-même pris occasion de la leçon inaugurale qui ouvre ce volume pour soulever des questions de méthode qui nous semblent d’une grande importance et qui ont été quelque peu délaissées. Le dissentiment que nous avons marqué à ce propos ne nous empêche pas de rendre hommage aux qualités de l’éminent écrivain et de reconnaître les services dont lui est redevable la nouvelle branche des études historiques dont il est aujourd’hui l’un des avocats les plus écoutés. M. Goblet d’Alviella se meut dans l’encombrement des matériaux avec une aisance que nous sommes heureux de louer, quand même nous aurions des réserves à faire sur certains détails.

Nous avons, pour notre part, entrepris de résumer nos réflexions sur la méthode et de grouper des indications sur l’enseignement présent et à venir de l’Histoire des religions dans un volume, dont nous demandons la permission de dire quelques mots à nos lecteurs[1]. On en saisira immédiatement l’esprit par une citation empruntée à l’Avant-propos.

« Il y a, écrivions-nous, dans toute branche d’études qui aspire à se constituer d’une manière indépendante, deux phases à distinguer : phase de création et phase d’organisation.

« La phase de création comporte fatalement des luttes et quelque polémique. L’État, qui aspire à une vie propre, doit arracher ses provinces une à une à des voisins, peu disposés, en général, à en faire le sacrifice. C’est ainsi que l’histoire des religions a dû disputer son domaine, soit à la philologie, qui n’eût point été fâchée d’en conserver, au moins partiellement, la possession, soit à la théologie traditionnelle, qui n’en saisissait pas immédiatement l’intérêt, mais en redoutait plutôt les inconvénients et les dangers.

« La phase d’organisation réclame d’autres allures. L’histoire des religions ou histoire religieuse, ou encore hiérographie, s’est fait sa place au soleil, et en dehors d’un petit nombre d’esprits malveillants, l’on reconnaît aujourd’hui qu’il y a lieu de grouper et d’étudier concurremment l’ensemble des données que nous possédons sur les idées et les pratiques religieuses des différents peuples. C’est là un propos aussi legitime que celui de l’histoire de la philosophie, de la littérature, des beaux-arts. Il importe donc que les tenants de ce nouveau chapitre de l’histoire générale prennent acte de la situation présente. Leur bon droit est constaté, leur territoire est délimité, sinon par des traités en forme, au moins par un consensus qui garantit toute sécurité à leurs travaux.

  1. In-18, 281 pages.