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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIII.djvu/629

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histoire et philosophie religieuses

Dans ces conditions, leur devoir est de se replier sur eux-mêmes et d’organiser, de la façon la plus satisfaisante, la province, dont la possession a cessé de leur être disputée. Il leur faut, par l’adoption et la pratique de méthodes d’étude rigoureuses, justifier d’une manière éclatante leurs prétentions à l’indépendance ; il faut que les produits qui sortent de l’atelier de l’historien des religions soient aussi achevés, aussi inattaquables que ceux qu’élaborent les philologues ou les historiens, tant du moyen âge que de l’antiquité.

« Il nous a paru qu’il y avait lieu d’insister sur cette distinction entre la phase de préparation et la phase d’achèvement. On trouvera réunies dans ce volume les indications qui justifient la prétention de l’histoire des religions à former désormais un chapitre à part des études historiques, mais on y remarquera aussi un effort pour astreindre celle-ci à l’observation des règles les plus sévères, des méthodes les plus exactes, et nous espérons qu’on rendra justice à la sincérité et à la vigueur de cet effort. »

C’est dans le troisième chapitre, qui est la reproduction de notre leçon d’inauguration de l’enseignement des religions sémitiques à l’École des Hautes Études, qu’on trouvera l’énumération de nos griefs contre les abus de la méthode comparative dans l’histoire des religions en général et particulièrement dans l’étude des religions sémitiques ».

Nous les avons classés sous quatre chefs : premier abus : La recherche des origines. — C’est à la philosophie religieuse qu’il appartient de rechercher et de reconstituer les antécédents logiques des religions positivement connues, et non à l’histoire proprement dite. L’échelle des phases par lesquelles on veut que telle religion ait passé avant d’atteindre son état présent est, à défaut de documents authentiques, une combinaison artificielle, dont on doit se défier. « On peut toujours soutenir que les idées et les pratiques religieuses d’un peuple, telles qu’elles nous sont connues pour une époque donnée, s’expliqueraient mal sans la supposition d’une période d’élaboration antérieure ; on peut avancer qu’il est possible, qu’il est probable que telle croyance, à nous authentiquement connue, a été précédée de telle autre, dont la mention ne nous a pas été conservée. Tant que les documents et partout où les documents nous font défaut, nous devons nous borner à affirmer ce que nous savons et garder le silence sur ce que nous ignorons. » Il convient donc que l’historien des religions, après avoir écarté la thèse dogmatique du monothéisme primitif, ne lui substitue pas celle de l’évolution à trois ou quatre degrés : naturisme, animisme, polythéisme, universalisme, qui est une conception philosophique a priori. — Second abus : Le classement des religions. — Le classement des religions ne doit pas être établi d’après leurs caractères philosophiques internes, soit monothéisme, soit polythéisme, mais selon un ordre emprunté aux cadres de la géographie et de l’histoire. — Troisième abus : La méthode comparative proprement dite. — On a reconstitué à certaines religions offrant des caractères analogues une