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histoire et philosophie religieuses

L’Allemagne se plaît à des travaux d’ensemble exécutés avec un soin et une conscience toujours méritoires. Avec son Histoire de l’éthique chrétienne[1], M. Ziegler, professeur de philosophie à Strasbourg, nous donne la seconde partie d’une histoire générale de l’Éthique dans l’antiquité, dans l’Église chrétienne et aux temps modernes. C’est une œuvre de longue haleine, de science solide et reposée, qui sera accueillie avec un grand intérêt. Ce qui lui donne son cachet particulier, c’est que les œuvres analogues, soit d’ensemble, soit de détail, ont été généralement écrites par des théologiens. M. Ziegler est un philosophe de profession et la nouveauté du point de vue constitue l’originalité de son étude. Il a dépouillé avec le plus grand soin les travaux de ses devanciers les plus autorisés, mais ne s’est pas astreint à n’être que leur écho.

Ces œuvres d’ensemble se plient mal soit à l’analyse, soit à la critique. Nous devons nous borner ici à indiquer les principales divisions du livre. Elles sont au nombre de douze : 1o le judaïsme ; 2o l’éthique du Nouveau Testament ; 3o l’éthique de l’ancienne Église catholique, 4o le monachisme, Augustin et le pélagianisme ; 5o la doctrine morale de la Scolastique ; 6o les Germains et l’Église ; 7o la mystique du moyen âge ; 8o humanisme et réformation ; 9o l’éthique des réformateurs ; 10o l’éthique de l’église protestante ; 11o des anabaptistes au piétisme ; 12o le jésuitisme. — Nous reproduirons à propos de cet ouvrage un vœu que nous avons déjà émis à plusieurs reprises. Nous voudrions voir la philosophie de langue française aborder plus volontiers les questions qui lui sont communes avec la théologie. Si l’on hésite à attaquer ces sujets un peu nouveaux en prenant pour guides les théologiens allemands, des livres, tels que le présent, rédigés par des philosophes et dans un esprit purement philosophique, seront jugés sans doute d’us accès plus facile. Nous recommandons particulièrement à ce titre l’éthique de M. Ziegler.

M. Labanca, dont nous citions tout à l’heure la leçon inaugurale du cours d’histoire des religions professé à l’université de Rome, a entrepris, de son côté, une œuvre d’ensemble destinée à faire suite à son remarquable ouvrage sur le Christianisme primitif. Celui qu’il prépare

    Le Saint Paul d’après la libre critique en France, par V. Courdaveaux (viii et 149 pages in-32 ; Paris, Fischbacher, 1886), est une œuvre étudiée, qui dépasse les promesses de son titre. L’auteur, un de nos rares universitaires qui comprennent le haut intérêt des questions d’histoire religieuse, a fait plus que reproduire les résultats de la science indépendante ; il s’est appliqué aux textes originaux et a été amené à présenter des vues personnelles dignes d’être prises en considération. — Dans un volume intitulé Études d’ancienne littérature chrétienne (Studii di antica litteratura cristiana, viii et 238 pages in-8o ; Turin, Loescher), M. A. Chiappelli, de l’Université de Naples, aborde plusieurs problèmes de la littérature religieuse, notamment la Doctrine des douze apôtres, ce texte récemment publié qui a soulevé un si vif intérêt. C’est une étude ample, précise et bien conduite où l’auteur fait preuve d’une solide connaissance des travaux antérieurs sans s’inféoder à leurs conclusions. À signaler aussi l’examen de La légende de saint Jacques de Compostelle.

  1. In-8o, xvi el 593 pages.