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OBSERVATIONS ET DOCUMENTS


NOTE SUR L’ÉCRITURE HYSTÉRIQUE

La graphologie, qui cherche dans l’écriture la traduction graphique des mouvements inconscients par lesquels le scripteur manifeste extérieurement ses états de conscience, nous paraît être un simple fragment de l’étude de la mimique, laquelle rentre à son tour dans l’étude encore plus générale de la physiologie des mouvements. Il faut donc, selon nous, étudier l’écriture d’après les procédés dont on se sert en physiologie pour étudier les réactions motrices par lesquelles un individu répond à une excitation donnée. MM. Ferrari, Héricourt et Richet sont entrés récemment dans cette voie, par leurs recherches de graphologie expérimentale[1]. Ces observateurs ont vu que lorsqu’on impose par suggestion à un hypnotique une personnalité d’emprunt, le sujet invité à écrire trace des caractères dont la forme paraît être en harmonie avec sa personnalité nouvelle. Nous citerons par exemple le fac-similé de l’écriture du sujet qui, transformé en Napoléon Ier, envoie un ordre à Grouchy sur le champ de bataille de Waterloo. Ces recherches sont excellentes comme méthode, et les auteurs ont eu bien raison de procéder en modifiant les états de conscience du scripteur, pour rechercher ensuite les effets de ces modifications sur l’écriture, au lieu de suivre la méthode inverse, et fort incertaine, des graphologues de profession, qui le plus souvent remontent, par induction, des caractères graphiques aux états de conscience du scripteur. Nous disons que cette dernière méthode est fort incertaine, parce qu’elle manque de contrôle ; lorsqu’on certifie par exemple que telle écriture trahit la main d’un homme orgueilleux, quelle preuve peut-on donner de cet état psychique ? et qui nous dit que le scripteur, au moment où il écrivait, était dominé par l’orgueil et non par tel autre sentiment ? Ce

  1. Voir la Revue philosophique, 1886, tome XXI, p. 414.