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mais il est en tout cas très possible que le désaccord mentionné résulte d’une tout autre cause. Il est possible que le cercle variable soit en contraste plus fort avec l’un des deux fonds qu’avec l’autre, et qu’ainsi le vrai terme moyen doive être cherché par un calcul plus compliqué que le nôtre. Aussi un examen attentif des résultats de M. Delbœuf ne fait-il, comme l’a démontrer M. Lehmann, que rendre cette hypothèse plus probable,

La première chose à faire, pour trancher la question, c’était donc de fixer très nettement, et dans chaque cas, l’influence du contraste, ce qui n’est évidemment possible qu’à l’aide d’une méthode de mesure. Or, cette méthode n’existait pas ; il fallait la trouver. Les recherches nouvelles, ayant pour but de rendre possible une détermination quantitative du contraste, furent donc imaginées, et les résultats produits par l’ingénieuse méthode qu’a inventée M. Lehmann forment sans doute la partie la plus intéressante des présents travaux.

Le procédé est bien simple. On donne à deux cercles rotatifs le même nombre de degrés de blanc et de noir ; mais on place l’un des deux devant un fond qui a exactement la même nuance grise que lui, tandis que l’autre, à la distance de quelques centimètres, se détache sur un fond plus foncé. Pur l’effet du contraste celui-ci semble plus clair que celui-là ; mais il est évident qu’en diminuant peu à peu le secteur blanc, on finira par arriver à un moment où les deux cercles ont repris le même degré de clarté. L’effet absolu provoqué par le contraste est donc mesurable par la différence de degrés existant maintenant entre les secteurs des deux cercles. Quant à l’effet relatif, l’effet principal, puisqu’en parlant de contraste on parle toujours d’une relation entre deux valeurs, il est facile de le trouver en divisant la différence par le nombre de degrés qui reste au cercle soumis à l’effet de contraste ; ce reste représente la clarté de réaction. Appelons la clarté primitive des deux cercles, la clarté de réaction (le reste) et I la clarté du fond qui provoque le contraste, la clarté d’action. Le contraste est donc représenté par . Nous pouvons laisser constant en variant , ce qui donne pour chaque valeur différente de une valeur nouvelle à  ; ou aussi peut rester constant tandis que varie. Il résultera évidemment de cette double variation que nous aurons trouvé l’expression du contraste pour tous les degrés de clarté d’action et de réaction depuis le blanc jusqu’au noir.

Vu les limites très restreintes de cette note, je n’y puis donner les valeurs résultant d’un assez grand nombre d’expériences, ni reproduire les courbes qui en présentent le tableau graphique. Par la même raison, il m’est impossible de m’arrêtera ce phénomène bien curieux que, dans la recherche expérimentale du contraste des graduations de la clarté, aucune différence individuelle entre les deux observations ne se fait remarquer.