complètement, si bien que nous ne voyons même pas comment cette ignorance sera un jour dissipée. Mais le fait n’en est pas moins au-dessus de toute contestation, et il n’y a pas dans la physiologie de loi mieux établie que celle de l’influence des éléments nerveux sur les actions chimiques intra-cellulaires. »
Nous devons maintenant dire quelques mots du mécanisme de la régulation de la chaleur, l’étude de ce mécanisme ayant amené M. Richet à faire la découverte fort importante d’une nouvelle fonction de régulation thermique chez certains animaux.
Il n’est pas difficile de concevoir comment les animaux règlent leur température pour lutter contre le froid ; et si on laisse de côté quelques particularités de cette fonction, on voit qu’il s’agit presque uniquement d’une activité plus ou moins grande des combustions interstitielles : l’animal, pour lutter contre le froid, brûle de l’oxygène et produit de l’acide carbonique, d’autant plus que la température extérieure est plus basse.
Mais les mécanismes par lesquels les animaux luttent contre la chaleur, les procédés de production du froid, sont moins simples. S’il s’agit d’animaux dont la peau est nue, et qui peuvent, par la sécrétion des glandes de la peau et l’exhalation cutanée, perdre des quantités plus ou moins grandes d’eau, le passage à l’état de vapeur de la couche aqueuse qui humecte la surface de la peau produit un abaissement de température et, par suite, la réfrigération de l’animal. C’est le procédé de l’alcarazas, c’est le mode de production du froid dans l’organisme humain en particulier.
Mais les animaux pourvus d’un pelage tant soit peu épais ne peuvent se refroidir par ce procédé, car ils ne transpirent pas, ou transpirent à peine. Ceux-là se refroidissent par le poumon. Tels sont les chiens, les chats, les lapins.
Or, tandis que, chez les animaux à peau nue, la transpiration cutanée est d’autant plus abondante que la température est plus élevée, et que l’activité des glandes sudoripares est réglée par un mécanisme se faisant d’ailleurs par voie réflexe, avec une précison admirable, sans l’intervention de la conscience ou de l’effort ; chez les animaux à peau velue, ce phénomène réflexe de la transpiration cutanée est remplacé par un phénomène d’un autre ordre, qui consiste en un mode de respiration tout spécial, ayant pour but d’exagérer la ventilation pulmonaire, c’est-à-dire la quantité d’air qui passe dans les poumons en un temps donné et de favoriser ainsi l’évaporation d’une grande quantité de l’eau du sang à la surface des alvéoles. La réfrigération de l’animal est ainsi également obtenue, mais par un mécanisme tout différent du précédent. M. Richet a donné à ce mode de respiration, caractérisé par des mouvements respiratoires extrêmement amples et fréquents, pouvant atteindre chez les chiens le nombre de 400 par minute, le nom de polypnée, et cette polypnée thermique, comme la transpiration cutanée, est un phénomène réflexe qui se produit dès que la température exté-