rieure atteint un certain degré, et menace de surchauffer l’animal.
Enfin M. Richet a pu constater une loi remarquable qui, permettant de comparer la production de la chaleur chez diverses espèces et chez divers représentants de la même espèce, met en une singulière évidence l’action directe du système nerveux sur la calorification. Cette loi est celle de la proportionnalité qui existe entre les actions chimiques interstitielles et la surface extérieure de l’être.
Si on considère un animal de petit volume, un moineau par exemple, il est évident que sa surface est considérable par rapport à son poids ou à son volume, c’est-à-dire à la somme de ses tissus combustibles, tandis que de gros animaux, comme les chevaux et les bœufs, ont une petite surface relativement à leur volume. D’où il suit que, pour un même poids de matière vivante, un petit animal a besoin, pour résister au froid extérieur, de faire beaucoup plus de chaleur qu’un gros animal. De fait, un kilogramme de moineau produit quarante fois plus de chaleur qu’un kilogramme de cheval. Or si, dans les diverses espèces voisines, on prend le rapport de poids du cerveau au poids du corps, on voit que le poids du cerveau est relativement d’autant plus fort que la taille est plus petite. Soit en effet un kilogramme le poids supposé de l’animal, on a pour poids du cerveau, chez les oiseaux :
Autruche, 0, 9 ; oie, 3 ; canard, 4 ; sarcelle, 13 ; mésange, 60.
Et chez les mammifères : Baleine, 0,3 ; bœuf, 1,25 ; mouton, 2,8 ; lièvre, 4,2 ; rat, 7,1 ; souris, 25.
Ainsi, plus l’animal est petit et plus il a des échanges chimiques actifs, plus son cerveau est volumineux : ce qui permet de supposer que c’est par une activité nerveuse plus grande que l’animal trouve le moyen de produire plus de chaleur ; que le système nerveux, en un mot, est l’excitateur qui fait, selon son pouvoir, les combustions chimiques actives ou lentes. Bien entendu, cette loi s’applique parfaitement aux animaux à sang froid, c’est-à-dire à température variable, incapables de régler leur température, et qui sont au bas de l’échelle des êtres par le développement de leur système nerveux.
Ainsi donc, étudiée sous toutes ses faces, cette importante fonction de la calorification apparaît bien comme étant sous la dépendance directe d’un agent essentiel, qui est le système nerveux. Car c’est le système nerveux qui dirige les actions chimiques, qui permet à l’animal de se conformer à la température ambiante, de faire plus ou moins de chaleur, plus ou moins de rayonnement, plus ou moins d’évaporation selon les conditions extérieures.
Nous avons dû laisser de côté, dans cette analyse, bien des chapitres intéressants, et en particulier celui où est traitée la question si complexe de l’action des poisons sur la température. Mais nous avons pensé qu’il était surtout important de nous étendre sur la manière dont M. Richet veut qu’on entende le rôle du système nerveux dans la calorification. M. Richet insiste en toutes circonstances pour qu’on fasse au système nerveux, en physiologie, une place tout à fait à part,