parvenons à dégager le ressort interne, à la fois appétitif et représentatif, du mécanisme dont la science décrit les effets externes. Tandis que, pour les systèmes purement mécanistes, la force de l’idée n’est qu’une apparence, — l’apparence que prend au sein de la conscience le mécanisme inconscient de l’univers, — la force de l’idée sera pour nous la conscience même de la réalité agissante, qui est de nature appétitive et perceptive, par conséquent mentale.
On voit le haut intérêt philosophique de la question : il importe de savoir si les états de conscience et les idées où ils se réfléchissent sont en effet des facteurs contribuant à l’évolution mentale et même à l’évolution physique, au moins dans ses éléments primordiaux ; ou si, au contraire, toute la causalité et toutes les conditions des phénomènes résident uniquement dans un mécanisme étranger à la conscience. Nous allons voir que la valeur de la psychologie dépend de cette question ; que, d’autre part, toute la métaphysique y est intéressée ; enfin, que la morale et la science sociale ne sauraient être les mêmes quand on considère les faits de conscience comme des épiphénomènes sans action propre, ou, au contraire, comme les formes conscientes d’une activité qui est en travail dans le monde entier.
II. — Importance de la question des idées-forces pour la psychologie.
En psychologie, deux grandes doctrines sont en présence : l’une admet une activité quelconque d’ordre mental ; l’autre place toute l’activité dans l’organisme, dont les états mentaux et surtout les idées ne sont plus que des reflets successifs, sans lien réel entre eux, sans action réelle l’un sur l’autre, à plus forte raison sans action réelle sur le milieu extérieur.
Examinons sur quoi se fonde cette psychologie des idées-reflets. Trois ordres de considérations, mis en lumière par la psychologie et par la physique modernes, ont apporté dans la question des éléments nouveaux, dont la doctrine des idées-reflets nous paraît être une interprétation abusive et inexacte.
I. — En premier lieu, on a appliqué avec raison à la psychologie la théorie biologique de l’évolution ; mais l’essentiel est de savoir quel doit être le point de départ de cette théorie et quel est son vrai point d’arrivée. Le point de départ est-il un réflexe purement mécanique ? Le point d’arrivée est-il une simple représentation inactive dans un appareil enregistreur ? C’est à l’acte réflexe que beaucoup de physiologistes et même de psychologues demandent