limitées de la volonté, qui n’arrive pas à sa pleine satisfaction dans son rapport avec son milieu. Dès qu’il y a obstacle, limitation du vouloir, il y a réflexion de la volonté sur soi : la volonté sent alors du plaisir si elle surmonte l’obstacle, de la peine si elle en est surmontée ; en même temps elle devient tel désir ou telle aversion. Mais la volonté elle-même est incapable de résolution en quelque chose de plus simple. Les mouvements volontaires, avons-nous dit, ne peuvent naître de mouvements réflexes et purement automatiques ; au contraire, ce sont les mouvements réflexes tout mécaniques qui sont nés de mouvements d’abord appétitifs et volontaires. Dans les plus bas animaux, il y a des actions appétitives avant qu’il y ait des réflexes offrant un caractère d’évidente appropriation à un résultat utile. Les deux points principaux de la théorie qui admet l’irréductibilité de la volonté sont, en premier lieu, que toute action extérieure est précédée d’une activité intérieure, qui, étant accompagnée d’un sentiment immédiat de soi-même plus ou moins confus, porte en soi les marques essentielles d’une activité volontaire ; en second lieu, les formes les plus simples de la volonté sont les actions qui ne sont précédées d’aucun conflit de motifs ou mobiles, mais qui suivent immédiatement un seul motif ou mobile ; et ce mobile lui-même, si on y regarde de près, se résout en un acte de vouloir qui a eu lieu à un stage plus ancien et qui a ainsi créé un précédent. C’est donc le vouloir qui, une fois posé en sa spontanéité première, se fait à lui-même un mobile par l’action qui est résultée de son déploiement et de sa rencontre avec le milieu. L’action, une fois faite, devient un motif de recommencer, une capitalisation prête pour une dépense future. On veut parce qu’on a voulu, si bien que, on a beau remonter sans cesse en arrière, on ne peut trouver un commencement de la volonté, qui se confond avec l’existence et la vie. Les actions qui, aujourd’hui, dérivent de l’opération immédiate d’un seul motif sont un reste des actions volontaires à l’état simple et impulsif ; les actions qui résultent d’un conflit de motifs sont des actions volontaires réfléchies, délibérées, mais la délibération n’est point de l’essence de la volonté. On ne pourrait pas vouloir par choix si, antérieurement à tout choix, il n’y avait pas déjà un certain vouloir spontané, au delà duquel l’analyse ne peut descendre[1]. Aussi est-il impossible de définir la volonté ; tout ce qu’on peut faire, c’est de résoudre les opérations plus complexes en cette opération plus simple, de montrer qu’elles enveloppent une conscience primitive d’agir, de tendre, de vouloir ; quant à l’agir, il ne se définit plus, il
- ↑ Voir la Liberté et le Déterminisme.