Il existe aussi des rotations à sens dynamogène et on a beaucoup écrit là-dessus : en France nous enfonçons les vis en les faisant tourner dans le sens des aiguilles d’une montre ; en Angleterre, on trace les hélices à l’opposé. On a beaucoup disserté à ce propos ; et, en fait, il y a là une question d’habitude, tellement ancrée dans nos esprits, que l’on comprend qu’il y ait des rotations qui nous paraissent plus agréables que d’autres : ainsi les artificiers font toujours tourner leurs soleils dans le sens des aiguilles d’une montre.
Je crois que la thèse fondamentale de M. Henry est elle-même complètement fausse ; on ne saurait établir une synthèse esthétique, et les effets dynamogènes (très réels d’ailleurs) ont des causes très variables suivant les cas.
Je serais assez disposé à admettre quelques-unes de ses idées sur la musique ; c’est que la musique est un art tout à fait à part, dont, malheureusement, les principes n’ont pas été d’ordinaire bien compris, Elle ne fait point appel à l’intelligence ; elle ne peut produire tout son effet qu’à la condition que l’esprit veuille bien fermer ses fenêtres. Les grands liturgistes du moyen âge ont tiré un excellent parti de la musique pour exprimer la foi en des mystères, dont la discussion même est dangereuse pour le profane.
La musique dramatique laisse généralement l’auditeur peu satisfait, parce que le drame est trop près des conditions normales de la vie. Wagner, qui est certainement le plus extraordinaire génie musical qui ait paru, a pris les plus minutieuses précautions pour que le spectateur soit transporté dans un monde féerique, où rien ne lui rappelle son existence réelle. Plus il a acquis la pleine possession de son talent, plus il a choisi des sujets extraordinaires, tellement extraordinaires que dans ses œuvres rien ne ressemble à ce qu’on voit et imagine d’ordinaire.
Le plus souvent les musiciens trouvent un moyen de se débarrasser de toute difficulté de ce genre ; la forme symphonique leur donne toute liberté pour agir par les ressources propres de leur art.
À l’opposé de la musique, l’architecture s’adresse à l’intelligence ; dans une cathédrale gothique on éprouve un sentiment de pleine satisfaction ; on est à son aise ; la voûte n’oppresse pas le spectateur. On peut dire qu’il y a là un effet dynamogène ; je l’admets ; quelle en est l’origine ? Autrefois on disait que la beauté de ces édifices tenait à leurs formes religieuses, que les sveltes colonnettes élèvent l’âme vers le ciel, que la pointe de l’ogive symbolise les flammes mystiques du cœur. Ce sont là des explications ineptes.
Nos pères regardaient les cathédrales comme des œuvres barbares ; on ne les apprécie convenablement qu’après en avoir étudié la structure savante. La dynamogénie est le résultat d’un jugement raisonné, émis par une personne instruite dans l’art des constructions ; elle est la conséquence et non l’origine du plaisir esthétique.
Je ne développerai pas davantage ces considérations : il serait trop