minée ; et psychologique, parce qu’elle est accompagnée de sensibilité et de conscience[1]. » À cela, on doit tout de suite répondre que pour un déterministe toute activité humaine, qu’elle soit simple ou complexe, rudimentaire ou élevée, consciente ou inconsciente, est régulière, déterminée, et mériterait par conséquent le nom d’automatique, en tant que l’automatisme exclut le libre arbitre. Ce que l’auteur a sans doute voulu dire, mais ce qu’il n’exprime pas avec assez de clarté, à mon avis, dans les préliminaires de son livre, c’est qu’il peut y avoir des états de conscience et des synthèses d’états de conscience sans l’idée du moi, de la personnalité ; que ces synthèses peuvent, soit exister seules, soit coexister avec d’autres synthèses aussi rudimentaires, soit coexister avec des synthèses qui contiennent une perception du moi, de la personnalité ; et que même dans ses formes les plus simples, même lorsqu’elle est dépourvue de l’idée de personnalité, l’activité de l’esprit peut s’accompagner de conscience. C’est là, si je ne me trompe, l’idée maîtresse du livre.
Cette idée n’a rien de théorique ; elle se dégage insensiblement des faits nombreux que l’auteur rassemble sous nos yeux ; elle paraît si naturelle, si légitime, l’induction qui lui donne naissance est si rapide qu’on la prendrait presque pour un fait d’observation. Il faut dire aussi que les observations rapportées par M. Pierre Janet ont un cachet particulier, qui donne beaucoup d’agrément à ses lecteurs ; il a eu la bonne fortune d’étudier les hystériques par le menu, chez elles, dans leur demeure, loin du bruit de l’hôpital, loin de ces auditoires nombreux devant lesquels on ne fait que des expériences raides et solennelles ; il a connu à fond l’existence passée de ses sujets, au moins autant qu’on peut connaître celle d’une personne ; il est au courant de leurs mœurs, de leurs goûts ; enfin, le plus souvent, il est seul à les étudier. Aussi peut-il pénétrer plus avant dans le mécanisme psychologique de leur existence, et ses observations en acquièrent plus de profondeur. Je dois même ajouter, ce qu’il ne dit pas assez, que ses expériences psychologiques lui ont permis de soulager bien des maux ; il a pu même guérir des cas qui embarrassaient les médecins. La psychologie n’est donc pas, comme certaines gens le prétendent, une petite science futile qui discute des mots, et nos recherches sur le mécanisme mental peuvent servir à quelque chose.
M. Pierre Janet consacre à la catalepsie son premier chapitre, sur « les phénomènes psychologiques isolés ». Il pense que pour un psychologue, la catalepsie représente à peu près rigoureusement cette statue sur laquelle Condillac faisait une expérience idéale. Condillac, on se le rappelle, supposait une statue animée, capable d’éprouver toutes les émotions et de comprendre toutes les pensées, mais n’en ayant aucune au début, et dans cet esprit absolument vide, il voulait introduire chaque sensation l’une après l’autre et isolément. Recherche chimé-
- ↑ Pages 1 à 3.