ANALYSES ET COMPTES RENDUS
Pierre Janet. L’automatisme psychologique, 1 vol. in-8o, 496 p.. Félix Alcan, Paris, 1889.
Toutes les personnes qui s’intéressent à la psychologie doivent avoir depuis longtemps entre les mains l’important ouvrage dans lequel M. Pierre Janet vient de résumer des expériences qu’il a poursuivies pendant plusieurs années sur des hystériques hypnotisables. La Revue, d’ailleurs, a publié les premières observations de l’auteur, et l’on n’a pas oublié l’ingénieuse explication qu’il a donnée de quelques problèmes psychologiques de l’hypnotisme qui paraissaient fort embarrassants, tels par exemple que cette anesthésie systématique à propos de laquelle on a tant discuté. Je ne crois pas que le problème soit complètement résolu ; mais il a été singulièrement éclairci par les faits de double conscience que M. Pierre Janet a mis si heureusement en lumière. Le présent ouvrage contient bien autre chose ; on peut dire d’abord qu’il réunit tout ce qui intéresse la psychologie de l’hypnotisme, car M. Pierre Janet croit, avec raison, selon moi, que la psychologie est appelée à débrouiller l’écheveau des phénomènes hypnotiques ; et par psychologie il faut entendre non seulement l’étude de la suggestion, mais une foule d’autres lois psychologiques dont les suggestionnistes à outrance ne tiennent pas suffisamment compte. L’ouvrage de M. Janet a encore ce mérite de nous présenter une idée synthétique de la psychologie de l’hystérique que l’on chercherait vainement ailleurs. Mais avant tout il faut y voir une étude du phénomène de double conscience, et comme je crois qu’en France je suis, après M. Janet, un des auteurs qui se sont le plus occupés de ces phénomènes, je vais essayer d’examiner et de discuter pièce à pièce les observations et les interprétations contenues dans son important ouvrage.
Le titre choisi me paraît incomplet ; il ne contient aucune indication relative à ces faits de désagrégation mentale auxquels je viens de faire allusion. Mais voyons un peu ce que M. Janet entend par automatisme psychologique. « Il se propose, dit-il, d’étudier l’activité humaine dans ses formes les plus simples et les plus rudimentaires, et son but est de démontrer que cette activité élémentaire constitue un automatisme psychologique ; un automatisme, parce qu’elle est régulière et déter-