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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/466

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rons que cette élaboration de l’objet-représentation est rendue nécessaire par les contradictions que la pensée y découvre, contradictions qui ne peuvent être levées qu’à la condition de rendre au sujet ce qui avait été inconsidérément attribué à l’objet. Le résultat de tout ce travail c’est la formation d’un système de concepts qui constituent pour la science et la philosophie le seul objet, le véritable monde extérieur, tandis que les éléments de l’intuition immédiate revêtent un caractère définitivement subjectif.

III. — La Science.

Nous pouvons maintenant nous faire une idée générale de l’objet et de la méthode de la science et de la métaphysique.

Le point de départ de toute connaissance, ce sont les données immédiates de l’intuition, c’est ce tout complexe que notre conscience saisit dans une expérience qui, avant d’avoir été analysée par la pensée, n’est encore ni externe, ni interne.

Dans cette expérience primitive, la pensée distingue par une première abstraction, deux facteurs, l’un qu’elle identifie avec elle-même et qu’elle appelle sujet, l’autre qu’elle s’oppose et qu’elle nomme objet.

Elle s’efforce ensuite de ramener à deux systèmes conformes à ses lois les deux ordres de faits qu’elle a distingués : elle fonde ainsi la science du monde objectif, qui, suivant qu’elle s’applique à la forme ou au contenu des choses, s’appelle mathématique ou physique, et la science du monde subjectif, la science de l’esprit tel qu’il s’apparaît à lui-même : la psychologie.

Mais en examinant les systèmes qu’elle a ainsi formés, pour rendre intelligibles les faits de l’expérience externe ou interne, la pensée s’aperçoit qu’ils ne satisfont pas encore complètement à ses exigences logiques, à son besoin d’unité. Elle cherche donc à les compléter, à leur donner l’unité absolue qui leur manque, au moyen de concepts qui dépassent, sinon l’expérience possible, concevable, au moins l’expérience réalisable. Elle fonde ainsi une cosmologie et une psychologie transcendantes, qu’elle essaye ensuite de réconcilier dans l’unité définitive d’un système ontologique.

La distinction du sujet et de l’objet, telle qu’elle résulte de l’abstraction dont nous avons parlé, est la condition de la science, mais n’est pas encore une science. La science n’existe vraiment que le jour où la pensée entreprend l’étude critique et la réduction à des systèmes logiquement liés, des faits, soit subjectifs, soit objectifs. C’est à l’objet qu’elle s’adresse d’abord.