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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/474

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rieures de l’esprit : il n’en est pas moins vrai que, d’une manière générale, la psychologie ne rattache pas seulement les faits qu’elle considère à des raisons causales, mais encore à des raisons finales. Mais on peut douter que l’application du concept de fin, légitime en psychologie, le soit également en physique. On sait que la plupart des philosophes de la nature, frappés surtout par le spectacle de l’organisation des êtres vivants, ont pensé que les relations des phénomènes extérieurs ne pouvaient se ramener au seul concept de causalité mécanique. Seulement les hypothèses qu’ils ont faites pour rendre compte de l’harmonie du monde ont presque toujours eu un caractère arbitraire qui ne saurait convenir à une philosophie scientifique : ou bien ils ont supposé, à côté des forces mécaniques, des forces métaphysiques mystérieuses, dont l’esprit ne peut concevoir ni la nature, ni le mode d’action ; ou bien, essayant de ramener la finalité physique à la finalité psychologique, ce qui est certainement d’une meilleure méthode, ils ont fait intervenir dans la cause des phénomènes naturels, comme dans le cours des phénomènes intérieurs, des idées et des volitions, mais des idées et des volitions qu’ils ont presque toujours rendues incompréhensibles en les dépouillant des caractères qu’elles ont dans notre esprit. Suivant M. Wundt la seule causalité finale que nous connaissions est celle de notre volonté mise en jeu par des motifs ; toute la question est donc de savoir si des volontés pareilles à la nôtre, agissant comme la nôtre, peuvent exercer leur action sur le développement des phénomènes de la nature.

M. Wundt ne trouve, ni dans sa métaphysique, ni dans sa théorie de la connaissance, aucune raison décisive qui condamne avant tout examen l’hypothèse de l’action de la volonté sur le monde matériel. Il n’est pas arrêté en effet, comme l’étaient les Cartésiens, par l’idée de deux substances, de deux choses en soi, l’une spirituelle, l’autre matérielle, entre lesquelles l’esprit se refuse à concevoir la moindre communication. Il est vrai qu’au premier abord on ne comprend pas aussi facilement l’action de la volonté que l’action des forces mécaniques sur la matière. Mais cette difficulté tient avant tout à la distinction toute abstraite que notre entendement établit entre la partie subjective et la partie objective de l’intuition immédiate. Après avoir séparé la volonté de la représentation et remplacé la représentation primitive par un système de concepts, nous ne voyons plus de relation possible entre le monde des faits subjectifs et le monde des concepts. Mais c’est nous qui avons crée ces deux mondes, il ne faut jamais l’oublier : la réalité est une et, lorsque la maison aura réuni dans un système de métaphysique générale ce que