fidèles disciples qui ont appris de lui à penser librement, à philosopher. Qu’ils persévèrent.
Avec M. Juan Valera, de l’Académie espagnole, et ministre plénipotentiaire près le gouvernement de Belgique, on marche de surprise en surprise. Après cette belle apologie, le défenseur d’une cause perdue conclut, avec sa logique habituelle, qu’à tout prendre, l’Inquisition a fait beaucoup de mal à l’Espagne, en l’isolant du monde civilisé. À la inquisicion, esto es, à nuestro fanatismo, soberbia y engreimiento, que la inquisicion personifica, es imputable tanto mal. Quel aveu ! Ajoutons à cette confession tardive, que sauf l’inquisition, qui a disparu, probablement sans retour, il faut l’espérer, non sans laisser des traces profondes de sa funeste influence, les mêmes défauts persistent avec leurs inévitables conséquences. II semble que le sens commun et le sens moral soient profondément lésés : les hommes les plus distingués, les plus éclairés de ce malheureux pays se ressentent encore du régime affreux qui, durant trois siècles, tortura les esprits et les consciences.
Que penser d’un auteur qui raisonne ou déraisonne de la sorte, et qui passe pour un des plus remarquables écrivains et des meilleurs critiques de l’Espagne ? Ce qu’il importe de constater, à propos de cet exemple des contradictions et des paradoxes d’un homme d’élite, c’est l’abaissement, la perversion et la dégradation du cerveau et du cœur de cette race héroïque, aventureuse et dévote, à qui le monde est redevable de l’Inquisition, de la découverte du nouveau continent et de la Société de Jésus, et qui se traîne aujourd’hui à la remorque des autres nations. Que causa hubo para tal abatimiento del que no hemos salido del todo ? La perversion vino primero y la degradacion despues. Ce sont les propres termes du même auteur dans une étude où il traite de l’influence de l’inquisition et du fanatisme religieux sur la décadence de la littérature espagnol (p. 407-429 du même volume). C’est un discours prononcé à l’Académie espagnole, le 21 mai 4875, où l’on soutient, sans le démontrer, que le pouvoir absolu et le Saint-Office n’ont presque point influé sur la décadence abjecte du peuple espagnol. C’est son orgueil formidable, satanique, paraît-il, qui l’a abruti, avili, dégradé. Il y a un peu de tout dans cette harangue académique ; mais ce qu’on y remarque de plus saillant, c’est l’éloge des Allemands, en tant qu’admirateurs de la littérature espagnole ; la déclaration étrange que l’Espagne ouvrit au monde civilisé les voies de la science et de la philosophie, en découvrant l’Amérique ; l’exécution de François Bacon, d’après Draper ; les plagiats de Descartes ; la glorification