M. Rebière a eu le grand tort de se contenter d’indiquer le nom de l’auteur, sans donner une référence plus complète.
En littérature, quand le choix est bien fait, un morceau se suffit à lui-même ; dans les matières philosophiques, il en est tout autrement. Pour approfondir le sens véritable, il faut pouvoir étudier l’œuvre dont la pensée est extraite, se rendre compte de l’esprit dans lequel cette pensée a été conçue et formulée. M. Rebière aurait donc dû faciliter les recherches qu’il désirait sans doute provoquer.
L’exactitude des citations paraît même laisser à désirer. Ainsi je lis page 99, sous la signature de Pascal :
« Pour résoudre les questions difficiles sur les nombres, je considère Fermât comme le premier homme du monde. »
Or, cela ne peut être tiré que de la lettre de Pascal à Fermât, en date du 10 août 1660, où il n’est pas question de nombres, mais où on lit à la fin :
« …ou en vous, ou en messieurs vos enfants, auxquels je suis tout dévoué, ayant une vénération particulière pour ceux qui portent le nom du premier homme du monde. »
De même les anecdotes sont généralement rapportées sans aucune indication des sources, qui le plus souvent semblent de seconde main, et quelques-unes de ces anecdotes se trouvent plus ou moins défigurées.
José Varona. Conferencias Filosoficas. Tercera série. Moral. 280 p. in-12 ; Habana, 1888.
Comme il avait déjà publié, sans y rien changer, ses conférences sur la Logique et sur la Psychologie, M. Varona publie ses conférences sur la Morale telles qu’elles ont été faites à l’Académie des sciences de la Havane, en 1880-1882, et publiées peu après dans la Revista de Cuba. Ce livre, qui voit le jour pour la première fois, date donc en réalité d’il y a sept ans. C’est quelque chose pour un livre de philosophie, en ce temps de recherches actives sur tous les coins du domaine philosophique. Du reste, les progrès de ces investigations n’ont fait que fortifier les assises où l’auteur avait appuyé son propre système.
Ceci n’est pas, à proprement parler, un traité d’éthique, mais un essai pour établir scientifiquement le fondement de la morale. Elle est pour l’auteur un objet d’analyse, et il procède, autant que possible, à la manière des naturalistes, recueillant les faits, appréciant leurs éléments, les groupant et les décomposant, pour aboutir au vrai problème qu’ils nous présentent.
Le point de vue original et tout à fait vrai qui domine cette intéressante construction de morale positive, c’est que l’homme est moral parce qu’il est sociable. La moralité s’ébauche déjà, dans certaines