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ANALYSES.f. masci. La leggenda degli animali.

dans la même forme et incompatibles, et pour cela non fixes, mais alternant en une certaine série plus ou moins courte. Il faut d’ailleurs remarquer l’analogie de la perception comique avec la sensation du brillant. Au lieu de l’alternance de la lumière et de l’ombre, nous avons, non par interruption du stimulus, mais par rapide transport de l’attention, une alternance de deux représentations opposées, l’une positive, l’autre négative.

Telle est, sommairement indiquée, la conception du comique dont M. Masci cherche la confirmation d’abord, du côté représentatif, dans toutes les formes spéciales du comique, et ensuite dans l’étude du sentiment comique et de l’expression physiologique du comique. Il examine successivement, à la lumière de cette théorie, et avec un appoint de faits souvent nouveaux, les diverses formes du comique : le comique intuitif, le comique moral, l’esprit, le comique verbal, l’association comique, le raisonnement comique, le sentiment comique, l’humorisme et le rire.

Bernard Perez.

F. Masci. La leggenda degli animali. 50 p. in-8o, Naples, 1888.

L’animal a sa légende, que l’homme lui a faite. Elle est donc un chapitre de l’histoire des idées humaines, et tire de là sa valeur et son intérêt. M. Masci s’est proposé de décrire les formes variées de cette légende dans leur genèse historique, en touchant rapidement aux plus anciennes et aux plus connues, pour s’arrêter un peu plus à la dernière, celle du moyen âge, et rechercher les causes et les modes de sa dissolution. Cette étude compendieuse, dont l’auteur aurait pu et aurait dû faire un livre, a de quoi intéresser les littérateurs et les psychologues. Je me borne à en indiquer les conclusions.

La légende des animaux eut plusieurs phases : celle de légende animiste, liée comme pratique secondaire à la religion des sépulcres ; celle de légende divine, dans la période barbare ; celle de légende des monstres, de légende démonologique et humaine, dans l’âge héroïque et dans l’antiquité ; celle de légende humaine, démonologique, magique, sacrée et chevaleresque, mais toujours éthico-religieuse, au moyen âge. À cette époque, le roman satirique des animaux représenta, par rapport à leur légende, le même rôle que plus tard, et beaucoup plus consciemment, les poèmes burlesques représentèrent par rapport au roman de chevalerie. Le principe d’où toute cette légende reçoit l’impulsion est la théorie ou la conception animiste, dans laquelle l’animal incarne successivement le dieu, le monstre, le démon, le magicien, l’homme ; ainsi, dans la légende, se reflète la pensée toujours variée des diverses civilisations et des diverses époques. Dans les phases successives qu’elle traverse, se révèle la constante tendance de la pensée à abaisser l’idée que l’homme se fait de l’animal jus-