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qu’au point où, celui-ci coïncidant avec la réalité, la légende finit, et la science commence à régner seule. Dans ce développement, la légende court parallèlement à la fable qui, née beaucoup après elle, la coudoie et la touche souvent en son chemin, et finalement en représente la négation et la survie. Au xviie siècle, où l’on peut dire que la légende des animaux est finie, la fable trouve encore son grand poète dans La Fontaine. Mais après lui, bien que la matière de la fable se soit accrue, par la prédominance croissante de la pensée exacte et adulte, l’esprit de la fable est mort. À partir de ce moment, l’histoire des animaux cesse entièrement d’appartenir à la poésie, à la morale, à la religion, pour tomber tout entière dans le domaine de l’observation et de la science. Encore aujourd’hui, sans doute, la légende a quelque écho éloigné dans le peuple des campagnes, qui, plus longtemps sous l’enchantement des fantômes, et ami du merveilleux, conserve quelques-unes des profondes impressions du passé ; mais le motif qui la fit naître est complètement étranger à tout l’âge moderne.

Bernard Perez.

Ch. Em. Ruelle. Damascii successoris dubitationes et solutiones de primis principiis, in Platonis Parmenidem partim secundis curis recensuit, partim nunc primum’ edidit Car. Æm. Ruelle. — Pars altera. Paris, Klincksieck, 1889.

Dès la Renaissance, on s’est occupé de publier les volumineux traités et commentaires qui nous restent du dernier âge de la philosophie grecque ; c’est ainsi qu’on a pu étudier dès lors, par exemple, les écrits de Simplicius et de Jean d’Alexandrie (Philopon). Seul, un de leurs contemporains, Damascius, avait été négligé, et on n’en connaissait que quelques extraits, jusqu’à ce que J. Kopp éditât (Francfort, 1826) le texte du περὶ ἀρχῶν. Mais ce n’était guère que la moitié de l’œuvre inédite du successeur de Proclus, et c’est un honneur incontestable pour l’érudition française que d’achever aujourd’hui la publication.

M. Ruelle, qui s’est déjà suffisamment fait apprécier comme helléniste par la part qu’il a prise à la Collection des alchimistes grecs de M. Berthelot, s’occupait depuis longtemps de Damascius. Dès 1860-1861, il a publié sur ce philosophe dans la Revue archéologique une longue notice, complétée depuis par quelques remarques insérées dans les Mélanges Graux (1884). Sa persévérance a enfin abouti à l’impression de 322 pages gr. in-8 de texte grec inédit, auquel viendra bientôt s’adjoindre une autre livraison contenant la préface, le texte déjà publié par Kopp, enfin les index nécessaires pour un pareil ouvrage.

Dans l’état, je me bornerai à dire quelques mots du sujet de l’ouvrage et de l’intérêt qu’il offre.

Cette seconde partie de Damascius se présente dans les manuscrits comme un traité acéphale et distinct du περὶ ἀρχῶν. L’objet en est