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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/599

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h. lachelier. — la métaphysique de m. wundt

comme un être simple. Mais si la substance psychique est simple, le seul moyen de rendre compte de la genèse des représentations est de supposer qu’elles expriment les rapports de cette substance avec d’autres substances de même ordre. Mais si l’âme joue le rôle d’un simple substratum de représentations, qui ne procèdent pas de son activité, qui ne font qu’exprimer ses relations avec le reste du monde, l’âme perd aussitôt tout ce qui peut en faire une personnalité indépendante, elle ne s’oppose plus à l’univers et, dépourvue de tout caractère individuel, elle va se confondre avec le monde.

La seule manière de sauver la personnalité de l’âme serait de la séparer résolument, comme Leibniz l’a fait, du reste de l’univers et de lui donner le pouvoir de tirer de son propre fonds toutes ses représentations. Mais alors l’âme n’est plus une substance simple et immuable ; elle se décompose en autant d’actes divers qu’il y a d’états de conscience, et, comme les états de conscience : sensations, représentations, émotions, etc., changent à chaque instant, l’âme se modifie continuellement ; or c’est justement cette multiplicité et ce devenir perpétuel du sujet que voulait éviter la théorie de l’âme substance. Toute cette argumentation peut se résumer en peu de mots : l’idée de substance exclut toute variété et tout changement, or notre conscience est essentiellement multiple et changeante, donc la réalité qui forme le fond de notre être conscient n’est pas une substance.

M. Wundt pense que, pour éviter les difficultés et les contradictions du concept d’âme substance, et pour arriver à une hypothèse satisfaisante sur l’essence du sujet pensant, la psychologie métaphysique doit chercher dans la conscience un autre point de départ pour ses déductions que les représentations et les idées. Or nous savons qu’à toute représentation, à toute idée s’unissent dans notre conscience le sentiment et la volition. Voyons si le sentiment, si la volition surtout, que la psychologie empirique considère comme la source de l’émotion, ne nous fourniront pas les éléments d’une hypothèse nouvelle sur l’essence intime de notre être.

Avant de nous engager dans cette voie, il faut bien nous convaincre d’abord que le vouloir diffère par nature de la représentation qu’il accompagne toujours. Les cartésiens ne voyaient dans la conscience que des idées confuses ou claires et Spinoza ne distinguait pas la volonté de l’idée. Bien des psychologues ont essayé depuis de réduire à l’unité tous les éléments de l’intuition consciente en identifiant la volition avec la sensation. Comme l’activité volontaire est toujours liée avec quelque sensation et le plus souvent avec des sensations d’innervation ou de contraction musculaire, on a cru pouvoir con-