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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/604

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plicité indéfinie d’êtres individuels ; il ne lui suffirait même pas de comprendre comment ces êtres entrent en relations les uns avec les autres ; elle veut l’unité dans le multiple ; elle ne sera donc satisfaite que par la réduction à des touts ou plutôt à un tout unique des volontés particulières. En face de ce problème nouveau, la métaphysique devra rester fidèle à la méthode qu’elle a adoptée, et se garder soigneusement de toute hypothèse dont l’expérience ne fournirait pas les premiers éléments. Or l’expérience nous rend témoins d’un fait très général ou plutôt universel et dont la métaphysique peut tirer un grand parti ; ce fait, c’est que partout et toujours la volonté de l’individu s’associe à d’autres volontés pour former des touts complexes et en même temps des unités supérieures à l’unité individuelle, comme une famille, une tribu, une nation. Si nous étudions d’un peu près ces associations de volontés, nous ne pouvons manquer d’arriver à nous convaincre qu’en s’organisant les volontés individuelles donnent naissance à des volontés composées, qui, malgré leur complexité, n’en ont pas moins une indéniable unité. Ainsi une famille, une cité, une nation peuvent être considérées comme des degrés différents dans l’échelle des volontés. Et ces volontés composées ne sont pas pour M. Wundt de simples abstractions, ce sont des êtres véritables, tout aussi réels que ce que chaque homme appelle sa volonté, son moi ; or la volonté de l’individu, malgré sa simplicité apparente, n’est, comme nous le verrons, qu’une résultante, une synthèse de volontés inférieures, et pourtant c’est un être, réel et un. Il en est en somme de la volonté individuelle, familiale, nationale, comme d’un édifice qui, pour être composé de pierres, sans lesquelles il n’existerait pas, n’en est pas moins une réalité différente de celle de chacune des pierres.

Ainsi les volontés s’associent et forment des organismes dont la compréhension va toujours en s’étendant. Chacun de ces organismes apparaît à la pensée comme la raison d’être, le Grund véritable des unités inférieures déjà formées ; et nous nous élevons ainsi à l’idée d’une unité totale qui embrasserait tous les organismes psychiques déjà constitués. Cette unité totale, raison de l’univers psychique, devient plutôt qu’elle n’existe, elle tend à se réaliser à mesure que le monde progresse. On peut dire qu’ainsi envisagée elle constitue un idéal plutôt qu’une réalité et M. Wundt pense que cet idéal n’est pas seulement théorique, qu’il peut devenir pratique et fournir à la morale un principe dont le plus réel mérite serait d’accorder parfaitement les lois de l’éthique avec les lois de l’univers et de continuer le sequi naturam des anciens.

Ainsi les volontés individuelles sont faites pour agir les unes sur