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h. lachelier. — la métaphysique de m. wundt

les autres, pour s’adapter les unes aux autres. Dans cette conception du monde, la représentation nous apparaît d’abord comme un simple résultat des actions que les volontés exercent les unes sur les autres. En effet la volonté individuelle ne peut exprimer que sous la forme de la représentation à la fois simple et composée, une et multiple, les actions innombrables qu’elle reçoit, comme la monade de Leibniz, de tous les points de l’univers. Mais la représentation peut recevoir encore une explication pour ainsi dire téléologique, elle est le moyen qui permet à l’univers d’atteindre ses fins, car c’est elle qui rend possible le concert, l’harmonie de plus en plus parfaite des volontés. Ces hypothèses sur la genèse des représentations prennent encore leur point d’appui sur l’expérience. Nous voyons en effet dans nos sociétés humaines les relations entre les volontés se traduire dans les consciences sous la forme unique de la représentation ; et nous voyons en même temps la représentation servir de trait d’union entre les sujets, de moyen d’organisation aux volontés. Or, si la nature est une dans ses procédés, s’il est vrai qu’elle se contente de faire des variations à l’infini sur un même thème, pourquoi ne pas croire que les lois de l’univers soient les mêmes que celles de nos sociétés ?

III. — Le problème ontologique.

Le problème ontologique est le problème de l’unité dernière et totale du monde. La métaphysique a commencé par conserver la distinction établie par l’entendement entre l’objet et le sujet. Elle a étudié d’abord séparément le monde physique et le monde psychique, et construit deux systèmes distincts pour chacun de ces mondes. Mais elle ne doit pas oublier que la pensée humaine, partie d’une intuition une, dans laquelle le sujet et l’objet se confondaient, doit retrouver, au terme de ses recherches, cette unité primitive. Le monde des corps et le monde des âmes ont été artificiellement désunis par la science, il appartient à la métaphysique de les réunir.

Le dualisme, qui consiste à considérer l’étendue matérielle et la pensée immatérielle, comme deux entités irréductibles, n’est évidemment pas une solution du problème ontologique, puisque la pensée exige en tout l’unité, et voit un aveu d’impuissance ou de paresse dans toute hypothèse qui n’est pas résolument moniste. Elle ne saurait d’un autre côté se déclarer satisfaite par l’hypothèse d’un être qui dominerait le monde physique et le monde psychique sans être lui-même ni corps ni esprit, parce que le concept d’un être différent de tout ce que révèle l’intuition immédiate, est condamné à