l’expression subjective de l’action exercée sur notre volonté par des volontés étrangères. L’ontologie ne peut que généraliser cette conception. Ce qui détermine dans notre volonté des états passifs ne peut être conçu que comme une force. D’autre part nous ne connaissons au monde qu’une espèce de force, celle qui agit en nous et que nous appelons volonté. Si donc nous voulons nous faire de ces forces qui agissent du dehors sur nous, une idée qui ait quelque précision, nous devons les considérer comme des volontés semblables à la nôtre.
Cette hypothèse est d’autant plus vraisemblable qu’elle nous permet de complétera cosmologie et la psychologie l’une par l’autre et de rendre à ces deux sciences leur caractère véritable, qui est d’être tout simplement deux manières différentes de considérer une même chose. La cosmologie et la psychologie, tant qu’elles demeurent séparées, laissent forcément dans l’indétermination une partie des concepts sur lesquels elles fondent leur unité. La cosmologie ramène les phénomènes objectifs à des relations tout extérieures d’atomes simples dont elle ignore absolument l’essence qualitative. Car nous ne nous faisons aucune idée de la constitution intime de ces atomes derniers que nous déclarons qualitativement semblables. (On peut même se demander si une qualité unique est quelque chose de concevable ; car nous ne concevons guère une qualité qu’en la distinguant d’une autre qualité.) D’autre part la psychologie, qui voit dans la volonté l’essence du sujet et qui explique les représentations par les actions exercées les unes sur les autres par ces volontés, laisse dans l’indétermination la plus complète la nature de ces relations qui s’établissent du dehors entre les volontés. Elle saisit les résultats subjectifs de ces relations, mais ignore les relations elles-mêmes.
Si nous rapprochons ces deux sciences, comme l’ontologie nous y autorise et même nous y engage, et si nous les complétons l’une par l’autre, comme il est juste, puisqu’elles envisagent deux faces d’une même réalité, nous voyons aussitôt les lacunes se combler, et l’indétermination disparaître. Ces atomes, que la cosmologie voit du dehors et la psychologie du dedans, deviennent, dans leur essence intime, des forces, c’est-à-dire des volontés semblables à la nôtre. La cosmologie les croyait immuables et homogènes parce qu’elle n’en apercevait pour ainsi dire que l’écorce extérieure ; la psychologie qui en découvre la nature intérieure, s’aperçoit que ce sont des êtres actifs, qui, agissant toujours, changent toujours, et qui diffèrent tous les uns des autres par leur contenu de sensations et de sentiments. La contradiction qui semble s’élever ainsi entre le concept cosmologique et le concept pyschologique d’atome n’est qu’apparente. L’atome physique et l’atome psychique ne sont pas en effet identi-